Les pourparlers sur le nucléaire iranien ont repris à Lausanne

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Les pourparlers sur le nucleaire iranien reprennent [reuters.com]
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par Louis Charbonneau et John Irish

LAUSANNE, Suisse (Reuters) - Le président iranien, Hassan Rohani, s'est entretenu jeudi avec les dirigeants français, britannique, chinois et russe dans le but apparent de surmonter les blocages dans les négociations sur le nucléaire iranien.

Hassan Rohani a aussi évoqué l'offensive lancée au Yémen par l'armée saoudienne contre les rebelles chiites houthis, soutenus par Téhéran.

La question a également été soulevée par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, lors de ses discussions avec son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, qui ont repris jeudi à Lausanne en vue de parvenir à un projet d'accord sur le programme nucléaire de la République islamique avant le 31 mars.

La partie s'annonce serrée en raison des réticences de Téhéran et du scepticisme de certains pays, la France notamment.

La France, la Grande-Bretagne et la Russie ont séparément annoncé ces entretiens avec Rohani, confirmés sur le compte Twitter de la présidence iranienne. Hassan Rohani a ajouté qu'il avait parlé à son homologue chinois, Xi Jinping, et envoyé une lettre détaillant la position de Téhéran aux dirigeants des six puissances impliquées dans les négociations avec l'Iran (groupe P5+1 qui réunit les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, la Russie et la Chine).

François Hollande, "tout en soulignant les droits légitimes de l'Iran à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, a insisté sur la nécessité pour tous de travailler de bonne foi à un accord durable, robuste et vérifiable", a dit l'Elysée.

La semaine dernière, on déclarait de sources proches des négociateurs que la France demandait à l'Iran des conditions plus strictes que ses alliés occidentaux.

CAMERON OPTIMISTE

Hassan Rohani a quant à lui rappelé la principale exigence de Téhéran, à savoir la levée immédiate de "toutes les sanctions injustes contre la nation iranienne".

"La levée de toutes les sanctions est la seule question qui puisse nous aider à parvenir à une solution définitive (...). Il faut saisir cette occasion unique qui bénéficiera à la région et au monde", a déclaré le président iranien sur Twitter.

Les puissances occidentales insistent pour une levée progressive des sanctions, même si certaines sanctions européennes et américaines visant les secteurs iraniens de l'énergie et des finances pourraient être suspendues rapidement, selon des responsables proches des discussions.

Le Premier ministre britannique, David Cameron, a estimé possible, lors de sa conversation téléphonique avec Rohani, de conclure comme convenu d'ici la fin du mois un accord-cadre sur les activités nucléaires de la République islamique.

Téhéran et le P5+1 se sont fixé pour objectif de parvenir avant le 31 mars à un accord de principe sur l'encadrement du programme nucléaire iranien, en vue d'un règlement définitif du contentieux d'ici à la fin juin.

A Lausanne, John Kerry, qui est accompagné par le secrétaire américain à l'Energie, Ernest Moniz, a rencontré à deux reprises Mohammad Javad Zarif, qui est avec le directeur de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi.

La crise au Yémen, dossier qui oppose Washington et Téhéran, a été évoquée par John Kerry avant le début des négociations, mais elles n'ont pas eu d'impact sur les discussions, selon un haut responsable américain.

"DÉCLARATION COMMUNE"

En plus des entretiens Kerry-Zarif, les négociations sur le programme iranien ont repris dans la ville suisse au niveau des directeurs politiques des pays du P5+1. Les ministres des autres pays du groupe sont attendus plus tard.

Ainsi, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, se rendra à Lausanne samedi matin à son retour de New York, où il présidera vendredi un débat public du Conseil de sécurité sur la situation des chrétiens d'Orient et des autres minorités persécutées au Moyen-Orient, a fait savoir son ministère.

Par la voix de son ambassadeur à Washington, Gérard Araud, la France a fait part récemment de ses doutes sur les chances de succès des négociations prévues cette semaine, disant préférer viser la date butoir de juin.

Israël, l'Arabie saoudite, la France et le Congrès américain, contrôlé par les républicains, craignent que la Maison blanche ne finisse par conclure un accord qui permette à l'avenir à l'Iran de développer un arsenal nucléaire.

Washington n'a pas caché que la tâche serait ardue.

"Nous pensons que nous pourrons dessiner un cadre politique d'ici la fin mars", a déclaré un diplomate américain à Reuters. "Cela ne veut pas dire que nous y parviendrons, mais c'est pour cela que nous travaillons, et rien d'autre."

Un autre diplomate du département d'Etat a souligné qu'il ne fallait pas agir dans la précipitation sous prétexte qu'il existe la date butoir du 31 mars.

A Téhéran, l'agence de presse Fars a cité un responsable iranien qui a expliqué que les discussions risquaient d'accoucher de quelque chose de moins consistant, une "déclaration commune" plutôt qu'un accord.

(Avec Parisa Hafezi, Nicolas Delame, Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)