Les risques d'un "mini-Schengen"

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Les risques d'un mini-schengen[reuters.com]
(Crédits : © Yannis Behrakis / Reuters)

BRUXELLES (Reuters) - Les pays qui rechignent à participer au programme d'accueil des réfugiés dans l'Union européenne pourraient se retrouver exclus d'une "mini-zone Schengen", avertit le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

Dans une interview publiée vendredi par les quotidiens des affaires belges De Tijd et L'Echo, le ministre néerlandais des Finances juge que la zone Schengen ne peut pas être viable si seulement une poignée de pays membres acceptent la plupart des réfugiés qui ont afflué en Europe ces derniers mois.

"Plusieurs pays paient plus cher la facture de la crise migratoire au motif qu'ils accueillent davantage d'immigrés. Il s'agit de la Suède, de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Belgique et des Pays-Bas", dit Jeroen Dijsselbloem. "Certains pays considèrent que ce n'est pas leur problème, mais le nôtre. Ce qui met évidemment à mal le principe de solidarité."

Beaucoup des 26 pays membres de l'espace Schengen, en particulier les pays d'Europe orientale, s'opposent au plan de répartition mis au point par la Commission européenne pour alléger le fardeau des pays les plus impliqués dans l'accueil de migrants et réfugiés dans l'UE.

Jeroen Dijsselbloem, qui dit vouloir préserver la zone Schengen, estime que si des pays ne participent pas à l'effort commun, d'autres devront agir seuls, car le trop grand nombre de demandeurs d'asile pourrait mettre en péril leur Etat-providence.

"Les pays se font concurrence pour refouler les demandeurs d'asile. C'est pourquoi nous devons collaborer plus étroitement avec les 28 pays de l'UE. Et si cela ne fonctionne pas, il faut pouvoir créer un groupe plus réduit", dit-il.

"L'Europe jouit d'un système d'État-providence efficace. Pour qu'il le reste, il convient de surveiller les frontières extérieures. Si nous n'y parvenons pas, de nombreuses personnes viendront frapper à notre porte pour obtenir des allocations et compromettront notre système. C'est ce qui se passe actuellement aux Pays-Bas", ajoute Jeroen Dijsselbloem.

"Si nous ne surveillons pas les frontières externes de l'UE28, si nous ne surveillons pas les frontières externes de l'espace Schengen, il est alors peut-être utile de le faire au niveau d'un mini-Schengen. Et si cela ne fonctionne pas, ce sera chacun pour soi. Je ne souhaite pas qu'on en arrive là", poursuit le ministre néerlandais.

Les Pays-Bas ont été les premiers à évoquer l'idée d'un "mini-Schengen" il y a huit jours, un projet distinct des propositions françaises de contrôle systématique aux frontières extérieures de l'espace Schengen avancées après les attentats du 13 novembre. L'Allemagne, sans qui le projet ne peut aboutir, a cependant réaffirmé vendredi, par la voix d'un haut responsable, qu'elle souhaitait "conserver Schengen dans sa forme actuelle".

Mercredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a lié le sort de l'espace Schengen à celui de l'euro, estimant que l'un n'allait pas sans l'autre. Vingt-deux pays membres de l'UE font partie de l'espace Schengen, auxquels s'ajoutent la Norvège, l'Islande, la Suisse et le Liechtenstein.

(Thomas Escritt, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)