Accord sur la Grèce à l'Eurogroupe, nouvelles réformes en vue

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L'eurogroupe debat d'un retour des experts en grece[reuters.com]
(Crédits : Francois Lenoir)

par Jan Strupczewski et Francesco Guarascio

BRUXELLES (Reuters) - La Grèce et ses bailleurs de fond se sont mis d'accord lundi sur le retour à Athènes d'une équipe d'experts chargés de négocier de nouvelles réformes touchant aux retraites, à l'impôt sur le revenu et au marché du travail et susceptibles de permettre le déblocage de nouveaux prêts à taux très faibles, ont annoncé les responsables de la zone euro.

Athènes a besoin d'une nouvelle enveloppe dans le cadre du plan d'aide conclu en 2015 afin de faire face à ses prochaines échéances de dette, mais la dernière mission d'experts dépêchée à Athènes s'est achevée dans la tension à la fin de l'an dernier sans permettre la conclusion d'un accord.

Un responsable grec a précisé lundi que les nouvelles réformes seraient neutres du point de vue budgétaire et qu'elles s'appliqueraient début 2019, une fois le plan d'aide en cours arrivé à son terme.

Les experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE), du Mécanisme européen de stabilité (MES) et du Fonds monétaire international (FMI) devraient arriver très vite dans la capitale grecque, a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, à l'issue d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro.

Il a précisé qu'il y aurait "une évolution de l'orientation politique, peut-être en s'éloignant de l'austérité pour mettre davantage l'accent sur des réformes de fond, qui constituent un élément clé pour le FMI".

L'accord de lundi découle en effet d'un compromis entre les positions divergentes du FMI, de la zone euro et de la Grèce sur la manière de rendre l'économie grecque plus efficace et d'assurer la viabilité des finances publiques.

Le FMI estime que le système de retraites doit être réformé plus profondément qu'il ne l'a été jusqu'à présent, alors que le gouvernement grec refuse catégoriquement de rouvrir ce dossier.

Pour la zone euro, les réformes prévues jusqu'à présent sont suffisantes pour permettre à la Grèce d'atteindre durablement l'objectif d'un excédent budgétaire primaire (c'est à dire hors service de la dette) de 3,5% du produit intérieur brut à partir de 2018 alors que pour le FMI, cet excédent ne sera que de 1,5%, ce qui impose des réformes de la fiscalité et du marché du travail.

PAS DE MONTANT POUR LES NOUVELLES RÉFORMES

L'accord de lundi, s'il constitue une avancée, ne précise pas de quelle ampleur devront être les nouvelles économies censées découler des futures réformes.

"Je ne peux pas donner un chiffre parce que les chiffres n'arrêtent pas d'évoluer et que certaines discussions sur les chiffres se poursuivent, dont le montant final devra être défini pendant la revue", a dit Dijsselbloem.

Une fois conclu le futur accord sur les réformes, le FMI procédera à une nouvelle évaluation de la soutenabilité de la dette grecque, afin de juger si un allègement du fardeau de la dette publique est nécessaire, et d'en fixer le montant éventuel.

Au stade actuel, le FMI prône un allègement important de ce fardeau, ce qui impliquerait que les créanciers renoncent à une partie des remboursements qui leur sont théoriquement dus, ce que conteste la zone euro.

"La question de la soutenabilité de la dette se posera de nouveau quand l'ensemble du paquet de réformes fera l'objet d'un accord", a dit Dijsselbloem.

"Si le FMI peut dire à ce moment-là que le budget sera soutenable sur ces bases et que ces réformes soutiendront la reprise, alors l'analyse de la dette pour les années à venir sera beaucoup plus positive."

Les discussions sur la marche à suivre pour resserrer les liens traînent en longueur depuis et l'approche d'élections aux Pays-Bas puis en France ne fait que compliquer la situation, en dissuadant les responsables européens de faire des concessions à Athènes de crainte de donner des arguments aux eurosceptiques.

Certains responsables de la zone euro s'efforcent toutefois de rassurer en expliquant que la Grèce n'aura réellement de liquidités qu'en juillet, lorsqu'elle doit honorer des échéances de 7,2 milliards d'euros.

"Aucun versement n'est nécessaire en mars, avril ou mai", a dit Jeroen Dijsselbloem. "Il n'y a pas de problème de liquidités à court terme en Grèce mais nous avons tous un sentiment d'urgence à cause du problème clé, qui est la confiance."

Il a précisé que si les nouvelles réformes que négocieront les experts avec Athènes permettent à la Grèce de dépasser les objectifs budgétaires, le gouvernement grec pourra consacrer les ressources ainsi dégagées au soutien à la croissance.

(avec Waverly Coleville, Robert-Jan Bartunek, Tom Koerkemeier et Renee Maltezou; Marc Angrand pour le services français)