Le pape se rend en Egypte pour soutenir les chrétiens d'Orient

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(Crédits : Reuters)

par Crispian Balmer

CITE DU VATICAN (Reuters) - Le pape François est attendu en Egypte vendredi, moins de trois semaines après les attentats visant deux églises du pays qui ont fait 45 morts et alors que les communautés chrétiennes sont la cible des islamistes radicaux partout au Proche-Orient.

Le christianisme, dont les racines sont profondément ancrées dans la région, y est sur le déclin depuis des décennies mais les conflits en Irak et en Syrie et la montée en puissance de l'organisation djihadiste Etat islamique (EI) font désormais peser une menace existentielle sur la minorité chrétienne.

Le pape François a dit mardi espérer que son déplacement en Egypte serait à ce titre "une consolation et un encouragement pour tous les chrétiens au Proche-Orient".

L'exode a particulièrement touché les chrétiens d'Irak après la guerre confessionnelle qui a déchiré le pays au lendemain de l'invasion américaine en 2003, puis l'offensive de l'EI qui a particulièrement pris pour cible les minorités religieuses à partir de l'été 2014.

Il n'existe pas de statistique officielle mais selon Nina Shea, directrice du centre pour la liberté religieuse du Hudson Institute à Washington, le nombre de chrétiens irakiens serait passé d'environ 1,5 million en 2003 à quelques centaines de milliers aujourd'hui, dont une bonne partie a été déplacée par les combats.

La situation de la minorité chrétienne n'est pas meilleure en Syrie, où six ans d'une effroyable guerre civile ont réduit la communauté de 1,25 million à environ 500.000 fidèles selon ADF International, une association basée à Vienne défendant la liberté religieuse.

AL AZHAR A SUSPENDU LE DIALOGUE EN 2011

En Egypte, où les chrétiens font dans leur immense majorité partie de l'église copte orthodoxe, les attentats du dimanche des Rameaux à Tanta et Alexandrie ont ravivé les peurs d'une communauté qui avait déjà été frappée par un attentat meurtrier à la cathédrale du Caire en décembre et dont les membres ont dû fuir les violences de l'EI dans le Sinaï ces derniers mois.

Bien qu'ils représentent, selon les estimations, quelque 10% des 92 millions d'Égyptiens, les coptes s'estiment marginalisés et persécutés et redoutent que pour déstabiliser un président Abdel Fattah al Sissi impuissant et de moins en moins populaire, l'EI ne concentre davantage ses attaques contre leur communauté au cours des prochains en mois.

La situation des coptes est une question sensible en Egypte, où la principale autorité de l'islam sunnite, Al Azhar, avait décidé en 2011 de suspendre le dialogue interreligieux avec le Vatican après la dénonciation par le pape de l'époque, Benoît XVI, d'une "stratégie de violence visant les chrétiens" après un attentat contre une église d'Alexandrie.

Le pape François s'est depuis employé à retisser les liens avec le monde musulman mais d'après Nina Shea, qui n'hésite pas à parler de "génocide" des chrétiens au Proche-Orient, il ne lui sera pas possible d'éviter le sujet qui fâche lors de sa visite en Egypte, au risque de froisser la susceptibilité des autorités locales.

(Tangi Salaün pour le service français)