Macron veut boucler la réforme du travail en septembre

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Macron entame avec la cfdt ses entretiens sur les reformes sociales[reuters.com]
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par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron veut boucler la réforme du droit du travail en septembre, ont annoncé mardi les présidents de la CPME et de la CFE-CGC après avoir rencontré séparément le chef de l'Etat.

Le président s'est entretenu avec les partenaires sociaux des réformes qu'il veut mener dans les premiers mois de son quinquennat, les syndicats demandant du temps pour la concertation et le patronat des mesures rapides et fortes.

François Asselin (CPME) a précisé le calendrier aux journalistes : "concertation jusqu'à la mi-juin, à peu près, (...) loi d'habilitation durant l'été, avec une volonté du président de la République de passer au vote courant septembre".

Il s'agit du vote de la loi de ratification, Emmanuel Macron voulant réformer sur ce sujet par ordonnances, a-t-il précisé.

François Hommeril (CFE-CGC) a expliqué que le président souhaitait voir la loi de ratification votée fin septembre.

Pour les réformes des retraites et de l'assurance chômage, "on pourrait attendre, ou espérer en tout cas, aboutir sur quelque chose de construit, en tout cas de structuré, aux alentours de la moitié de l'année 2018", a dit François Asselin.

L'entourage d'Emmanuel Macron a précisé qu'il appartiendrait au Premier ministre, Edouard Philippe, et à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, qui verront les syndicats et le patronat à partir de mercredi, "d'établir un calendrier opérationnel et de discuter dans le détail des mesures".

"Le président a indiqué que la concertation était un élément indispensable pour mener ces réformes", a-t-on souligné.

PAS DE RÉFORME "À LA HUSSARDE"

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a demandé à Emmanuel Macron de donner du temps à la concertation.

"Je lui ai demandé que la méthode ne soit pas à la hussarde, qu'il n'y ait pas une forme de précipitation qui ferait qu'il y aurait d'ici à la fin de l'été, fin août, le sentiment qu'il faudrait avoir tout réglé", a-t-il dit aux journalistes.

Même message du secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly : "Je plaide (...) pour que le calendrier soit détendu".

"Il y aura une concertation cet été mais on ne règle pas certains problèmes en trois réunions, c'est évident, ou alors c'est un blocage. Je n'ai pas senti une volonté de blocage du président", a-t-il dit aux journalistes.

Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a exprimé des désaccords avec le président mais salué le fait qu'il semblait prêt à donner un peu de temps à la concertation.

Le président du Medef, Pierre Gattaz, a pressé Emmanuel Macron de réformer rapidement et fermement le marché du travail et de baisser bien davantage qu'annoncé le coût du travail.

"La réforme du marché du travail devrait aller vite et je crois que c'est essentiel d'aller vite sur ce gros problème français", a-t-il dit après son entretien avec le président.

Il a dit lui avoir demandé de supprimer le dispositif de pénibilité et le prélèvement de l'impôt à la source et assuré que, en l'absence de modification, son projet de transformer le CICE en baisse des cotisations augmenterait le coût du travail.

Il a fait état de divergences avec Emmanuel Macron sur l'"amplitude" et "la rapidité" des réformes et estimé que si des mesures fortes étaient prises, l'économie repartirait.

François Asselin a précisé qu'Emmanuel Macron avait décidé d'un moratoire sur des contraintes liées à la pénibilité, sans abandonner le dispositif ni l'ambition de traiter ce sujet.

"ON N'A PAS LE DROIT DE BLOQUER LA FRANCE"

Emmanuel Macron avait dit vouloir présenter durant l'été un projet de loi d'habilitation pour pouvoir, par ordonnances, simplifier le droit du travail, décentraliser la négociation en donnant plus de place aux accords majoritaires d'entreprises et de branches, et encadrer les décisions des prud'hommes.

Des promesses de campagne vues comme un casus belli par certains syndicats, qui avaient livré en 2016 une longue bataille dans la rue contre la réforme du droit du travail menée par le gouvernement de François Hollande.

Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a estimé mardi matin sur France 2 qu'il fallait "que les syndicats entendent la nécessité de faire bouger les lignes".

"Si on cherche à faire une loi qui rassure tout le monde et donne raison à tout le monde, (...) il n'y aura pas de texte", a-t-il dit, jugeant qu'"on n'a pas le droit de bloquer la France parce qu'on n'est pas d'accord avec telle ou telle mesure".

Face à la volonté de réformer le Code du travail, "il va falloir que les salariés se fassent entendre, c'est évident, pour faire respecter leurs droits, pour avoir satisfaction sur un certain nombre de revendications", a répondu Philippe Martinez, selon qui "les salariés font ce qu'ils veulent".

Le nouveau président français a fait de cette réforme une priorité du début de son quinquennat, au même titre que la relance de la construction européenne.

Il souhaite, dans un second temps, réformer l'assurance chômage pour que tous les travailleurs puissent en bénéficier et pour donner plus de place à l'Etat dans son pilotage, une idée que les syndicats voient aussi avec méfiance.

Plutôt que de préserver des emplois qui seraient condamnés, le président et ses proches jugent qu'il faut à la fois favoriser la création d'autres emplois et protéger davantage les personnes, notamment en améliorant le système de formation professionnelle.

(Avec Marine Pennetier et Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)