Macron place ses hommes et impose ses règles à l'Assemblée

reuters.com  |   |  789  mots
Macron place ses hommes et impose ses regles a l'assemblee[reuters.com]
(Crédits : Charles Platiau)

par Elizabeth Pineau et Emile Picy

PARIS (Reuters) - Les 577 députés d'une Assemblée nationale majoritairement favorable à Emmanuel Macron ont inauguré mardi la XVe législature de la Ve République, dont le parti présidentiel a pris les commandes en fixant de nouvelles règles.

Installés par ordre alphabétique dans l'hémicycle sous la présidence du doyen d'âge, Bernard Brochand (LR), les vainqueurs des scrutins des 11 et 18 juin ont élu à leur tête l'ancien écologiste François de Rugy, 43 ans, désigné par La République en marche parmi quatre candidats.

"La vérité ne siègera ni d'un côté, ni de l'autre", a dit le nouvel occupant du "perchoir" dans sa première intervention.

Rappelant l'importance de "reconquérir la confiance" des Français, le député nantais élu avec 353 voix dès le premier tour a appelé de ses voeux une modification de la procédure parlementaire et une meilleure représentativité sociologique.

François de Rugy sera appelé à abandonner la présidence du Palais6Bourbon à mi-mandat, vers décembre 2019, comme en a décidé LREM, qui dispose de la majorité absolue, pour tous les postes la concernant à l'Assemblée nationale.

Les députés "les remettront en jeu sans pouvoir se représenter à ces mêmes responsabilités", a expliqué devant la presse le président du groupe LREM, Richard Ferrand, évoquant un "renouvellement permanent".

"ARDENTE OBLIGATION DE RÉUSSITE"

Cette décision renvoie à l'article 32 de la Constitution qui stipule que le président de l'Assemblée nationale "est élu pour la durée de la législature".

Désormais dotés de quatre porte-parole, les 308 députés LREM ont signé une déclaration politique où ils se disent investis d'une "ardente obligation de réussite" face à des Français qui "ne veulent plus des intentions" mais "des résultats".

"Nous voulons être les relais permanents des vraies préoccupations de nos concitoyens", a dit Richard Ferrand, affirmant que son camp parlerait d'une "seule et même voix".

"Entre les godillots et les frondeurs, il y a des députés responsables", a-t-il répondu aux interrogations sur la discipline au sein de LREM.

Ce proche d'Emmanuel Macron a refusé de confirmer l'éventualité d'une intervention du chef de l'Etat devant le Parlement réuni en congrès à Versailles. "Rien n'est acté à ce stade", a-t-on déclaré à l'Elysée mardi;

Selon RTL, la date du 3 juillet a été envisagée à propos de ce discours, à la veille du discours de politique générale du Premier ministre, Edouard Philippe, ce qui fait débat.

"Le président s'est engagé à s'exprimer régulièrement devant le Congrès pour expliquer le cap de l'action qu'il mène à la tête de l'Etat et pour faire valoir les priorités qu'il entend conduire", a expliqué Richard Ferrand. "S'il juge qu'il est utile de le faire le 3 juillet - nous sommes au début du quinquennat, l'Assemblée nationale sera installée - moi cela ne me choquerait pas".

SEPT GROUPES POLITIQUES À L'ASSEMBLÉE

Outre celui de LREM, six autres groupes sont constitués à l'Assemblée, dont deux alliés au parti présidentiel : le MoDem présidé par Marc Fesneau et le groupe dissident des Républicains baptisé "LR constructifs, UDI et indépendants", co-présidé par Franck Riester (LR) et Stéphane Demilly (UDI).

La France insoumise a logiquement désigné à sa tête l'ancien candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon.

"Nous serons le seul groupe où tous, nous voterons contre la confiance au gouvernement", a déclaré ce dernier, promettant de mener "une bataille de longue durée, article par article" contre la réforme du Code du travail prévue par le gouvernement.

Le texte, objet d'une manifestation hostile de la CGT et de FO mardi aux abords du Palais-Bourbon, est aussi rejeté par le groupe "Gauche démocrate et républicaine" incluant les communistes.

Rebaptisé "Nouvelle gauche", le groupe socialiste présidé par Olivier Faure votera contre la confiance du gouvernement demandée au terme du discours de politique générale du Premier ministre. Certains de ses membres, comme l'ancien ministre Stéphane Le Foll, pourraient toutefois s'abstenir.

Le groupe divers gauche un temps envisagé autour de l'ancien Premier ministre Manuel Valls, qui a finalement décidé de rejoindre LREM, ne verra pas le jour.

"Il n'y aura pas de huitième groupe, nous n'avons pas pu nous entendre avec les trois autonomistes corses, ils étaient trop exigeants", a expliqué le député charentais Olivier Falorni.

Avec huit députés, dont Marine Le Pen, le Front national n'a pas un nombre d'élus suffisant pour constituer un groupe.

(Edité par Yves Clarisse)