Ryanair inquiète le secteur avec la réduction du prix de ses billets

reuters.com  |   |  636  mots

par Conor Humphries

DUBLIN (Reuters) - Ryanair a annoncé lundi une baisse du prix de ses billets pouvant aller jusqu'à 9% dans les prochains mois, ce qui fait baisser le titre en Bourse, les investisseurs s'inquiétant de l'impact de cette décision sur sa rentabilité.

Le groupe a parallèlement dit avoir lancé une offre non contraignante sur Alitalia, le transporteur italien en grande difficulté.

Certains investisseurs s'étaient mis à penser que des prix de billets plus élevés sur les trois mois à fin juin étaient peut-être les premiers signes de la fin d'une période de rabais importants.

Mais Ryanair a clairement dit que la hausse du prix moyen au premier trimestre était dû à l'effet calendaire du jour de Pâques et que les tarifs continueraient à baisser dans les mois à venir.

"C'est un marché concurrentiel. Nous voulons faire baisser le prix des billets de 7 à 8%, peut-être 9%", au cours des trois mois à fin septembre, a déclaré à Reuters Neil Sorahan, le directeur financier du transporteur irlandais.

La baisse sera en moyenne de 8%, en rythme annualisé au second semestre de l'exercice fiscal décalé, clos le 31 mars 2018, a-t-il ajouté.

Si les prévisions de baisse des prix des billets sont restées inchangées par rapport aux annonces de mai, certains investisseurs redoutent leur impact sur la croissance de la compagnie aérienne.

LE TITRE RECULE

Vers 9h45 GMT, l'action de la compagnie irlandaise lâche 2,3% à 17,63 pence, accusant l'une des plus fortes baisse de l'indice des valeurs européennes Stoxx 600, qui perd 0,5% au même moment.

Dans son sillage, les autres compagnies européennes poursuivent leur baisse entamée la semaine dernière. Lufthansa, Wizz, IAG et easyJet reculent entre 0,3 et 2,7%.

"Je pense que les intervenants de marché avaient probablement intégré que cet objectif de prix pour l'hiver était très conservateurs et ils se rendent compte aujourd'hui qu'il est réaliste", souligne Stephen Furlong, analyste chez Davy.

Sur les trois mois à fin juin, premier trimestre de son exercice fiscal décalé, le bénéfice de la compagne à bas coûts a augmenté de 55%. Sur cette période, le prix moyen des billets a progressé de 1% en rythme annuel, en raison principalement de l'effet calendaire du jour de Pâques.

Le bénéfice avant impôt ressort à 397 millions d'euros, contre une prévision moyenne de 366 millions d'euros, selon un consensus fourni par la compagnie aérienne.

Ryanair a confirmé tabler sur un bénéfice avant impôt compris entre 1,4 et 1,45 milliard d'euros pour l'exercice fiscal en cours qui s'achèvera le 31 mars 2018. Cette projection est inférieure à la prévision de 1,488 milliard d'euros, selon le consensus fourni par la société.

MIGRATIONS MÉDITERRANÉENNES

Neil Soharan a attribué en partie la baisse des prix des billets au recul des prix du carburant, mais surtout aux surcapacités en Espagne, au Portugal et en Italie, les compagnies à bas coûts se détournant de la Turquie et de l'Afrique du Nord.

La faiblesse de la livre a également pesé sur les tarifs.

EasyJet et Wizz Air ont prévenu ces dernières semaines que les prix moyens des billets continueraient d'être sous pression durant la période clé de l'été.

Le groupe a dit qu'il transporterait 131 millions de passagers durant l'exercice fiscal actuel, contre 130 millions un an plus tôt, ajoutant que l'extension de contrats de locations-vente de 10 appareils lui permettrait d'augmenter ses capacités au cours des deux prochains étés.

"Il y en a quelques-uns qui vont commencer à trouver la vie difficile", a jugé Neil Soharan.

Les analystes de GoodBody estiment que cette stratégie de baisse des prix devrait augmenter la pression sur Air Berlin, Monarch et Norwegian Air Shuttle.

(Avec Victoria Bryan à Berlin; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)