Hariri appelle les Libanais à faire passer leur pays en premier

reuters.com  |   |  422  mots
Hariri appelle les libanais a faire passer leur pays en premier[reuters.com]
(Crédits : Jamal Saidi)

BEYROUTH (Reuters) - Le Premier ministre libanais Saad Hariri, qui a suspendu sa démission mercredi, a appelé jeudi ses compatriotes à faire passer les intérêts de leur pays avant ceux d'autres causes régionales, dans une allusion très claire à l'implication du Hezbollah en Syrie.

"La période qui s'est écoulée (depuis l'annonce de sa démission le 4 novembre, NDLR) a peut-être été un coup de semonce pour que nous faisions tous passer en premier les intérêts du Liban avant de s'intéresser aux problèmes qui nous entourent", a-t-il déclaré lors d'une conférence annuelle des banques arabes à Beyrouth.

"Les problèmes qui nous entourent sont importants, mais le Liban l'est plus", a poursuivi le chef de file du Courant du futur, principale organisation politique sunnite du Liban, qui avait déjà appelé la veille les responsables politiques locaux à "appliquer une politique de distanciation à l'égard des conflits dans la région".

Saad Hariri a annoncé sa démission surprise alors qu'il était en Arabie saoudite, en disant craindre pour sa vie et en accusant l'Iran et le Hezbollah de semer la discorde dans le monde arabe. Des dirigeants libanais le disaient otage des Saoudiens, ce que Ryad et Hariri ont démenti.

Rentré mardi à Beyrouth après une intervention de la diplomatie française, le chef du gouvernement a accepté de mettre sa démission "en suspens" après l'avoir présentée mercredi au président Michel Aoun.

Il a exhorté toutes les formations politiques libanaises à maintenir le Liban en dehors des conflits régionaux, visant en particulier le Hezbollah, le puissant parti chiite libanais soutenu par l'Iran dont le rôle dans la région, en Syrie notamment, est source d'inquiétude pour l'Arabie saoudite sunnite, engagée dans une lutte d'influence avec Téhéran.

"Nous devons aboutir à la mise en place d'une politique de distanciation dans les faits, et pas uniquement en paroles", a-t-il insisté jeudi.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est dit lundi ouvert au dialogue.

Le groupe parlementaire du Hezbollah, qui s'est réuni jeudi, a estimé pour sa part que les "déclarations positives" de Hariri depuis son retour à Beyrouth étaient le signe d'un retour possible à la normalité.

Un des chefs du Courant du futur a pareillement estimé que la décision de Hariri de suspendre sa démission constituait une "mesure sage" qui ouvre la voie à des discussions.

(Sarah Dadouch et Lisa Barrington; Tangi Salaün et Henri-Pierre André pour le service français)