Premier congrès du Parti des travailleurs à Pyongyang depuis 1980

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Derniers preparatifs a pyongyang avant le congres du parti des travailleurs[reuters.com]
(Crédits : © Damir Sagolj / Reuters)

par James Pearson

PYONGYANG (Reuters) - Des milliers de Coréens du Nord ont procédé jeudi aux dernières répétitions des défilés et autres festivités chorégraphiées qui ouvriront vendredi à Pyongyang un congrès du Parti des Travailleurs qui devrait renforcer le pouvoir du numéro un Kim Jong Un.

Depuis plus de deux mois, les trois millions d'habitants de la capitale nord-coréenne se préparent au grand jour, nettoyant par-ci, récurant par-là. Jeudi encore, des groupes de personnes d'un certain âge coupaient délicatement l'herbe au ciseau le long des principales artères et peignaient la base des arbres d'un blanc brillant.

Le Parti des travailleurs, le parti unique au pouvoir, n'a pas tenu de congrès depuis 36 ans. L'événement, qui doit durer quatre ou cinq jours, doit marquer l'apogée du règne de Kim Jong Un, arrivé au pouvoir il y a quatre ans après la mort de son père, Kim Jong Il, en décembre 2011.

Des milliers de délégués venus de tout le pays vont assister à cette réunion qui devrait être une manifestation de soutien très codifiée au jeune dirigeant communiste. Les journalistes étrangers ont été invités à couvrir le congrès dans ce pays habituellement méfiant à l'endroit des médias.

"Nous sommes très fiers d'avoir le respecté maréchal Kim Jong Un comme notre grand dirigeant et nous sommes très fiers d'organiser le septième congrès du parti", a déclaré Ji Eun Kyo, qui travaille dans une entreprise de production de riz, rencontrée alors qu'elle se rendait à une répétition pour un défilé des fleurs.

"Les gens participent activement à l'événement", a-t-elle ajouté. Elle s'adressait à Reuters en présence d'un des guides officiels, chargés de suivre les journalistes étrangers.

Kim Jong Un, dont on pense qu'il a 33 ans, devrait profiter du congrès pour déclarer officiellement la Corée du Nord comme puissance nucléaire et adopter sa politique dite du "Byongjin" qui consiste à promouvoir à la fois le développement économique et nucléaire.

SLOGANS PATRIOTIQUES

La Corée du Nord de Kim Jong Un a vu un rôle économique accru joué par le marché gris, avec pour conséquence un développement de la consommation dans la capitale, où l'on voit de plus en plus de voitures et où les magasins vendent des marchandises plus diversifiées.

Le "Byongjin" de Kim Jong Un fait suite au "Songun" de Kim Jong Il, c'est-à-dire "l'armée d'abord", et au "Juche" de son grand-père, Kim Il Sung, idéologie fondatrice de la Corée du Nord, mélange de marxisme et de nationalisme exacerbé.

Toute la semaine, Pyongyang a résonné des slogans patriotiques scandés par les habitants se préparant au grand jour, tandis que des milliers d'écoliers vêtus de chemises blanches et de chapeaux rouges répétaient des spectacles.

Le premier jour du congrès, Kim Jong Un devrait présenter sa vision du pays dont il a hérité à la mort de son père, estime Cho Bong-hyun, directeur des études économiques à la banque IBK à Séoul.

La deuxième et la troisième journée devraient être consacrées à des discussions et débats après les discours de Kim Jong Un, tandis que le comité central du parti approuvera les questions organisationnelles et notamment les nominations au bureau politique, ajoute Cho Bong-hyun.

Les quatre années de Kim Jong Un au pouvoir ont été marquées par de fréquents remaniements au sein de son premier cercle, avec purges et exécutions. L'exécution de son oncle, le puissant Jang Song Thaek en 2013, a particulièrement marqué les esprits.

Kim Jong Un lui-même est peu apparu en public. Sa dernière apparition dans les médias remonte au 24 avril. Il avait supervisé la veille un test de lancement d'un missile balistique lancé à partir d'un sous-marin.

Selon les médias d'Etat, les délégués au congrès ont assisté à un opéra mercredi intitulé "La victoire de la révolution est en vue" au Grand théâtre de Pyongyang.

Lors du dernier congrès connu, qui s'est tenu en 1980, des responsables de pays ayant des liens avec la Corée du Nord avaient été invités. Cette fois, ce genre d'invitation ne semble pas avoir été envoyé, selon des responsables interrogés en Corée du Sud.

(Avec Joseph Campbell; Danielle Rouquié pour le service français)