par Linda Sieg

TOKYO (Reuters) - Le Premier ministre japonais Shinzo Abe va dissoudre jeudi la chambre basse du Parlement et convoquer des élections anticipées afin obtenir la légitimité nécessaire pour faire face notamment à la "crise nationale" due, selon lui, au vieillissement de la population.

"Je vais dissoudre la chambre basse le 28 septembre", a-t-il annoncé dans une allocation télévisée.

Selon Natsuo Yamaguchi, président du Nouveau Komeito, qui fait partie de la coalition gouvernementale, les élections devraient avoir lieu le 22 octobre.

Shinzo Abe, qui est aux affaires depuis cinq ans, dit avoir besoin d'un nouveau mandat pour investir une partie des recettes issues de la hausse à venir de la TVA dans l'éducation et adopter une attitude plus ferme à l'égard de la Corée du Nord, qui multiplie les essais balistiques et nucléaires.

Il cherche en outre à tirer parti de son regain de popularité et de la confusion qui règne dans l'opposition. Certains redoutent cependant que sa décision ne crée un vide du pouvoir risqué, alors que les tensions avec Pyongyang vont croissantes.

"Je vais faire preuve d'une grande responsabilité et serai en première ligne face à la crise nationale (...) Je vais transformer le système de sécurité sociale pour répondre aux besoins de toutes les générations en diversifiant largement les ressources pour résoudre les deux principaux problèmes des générations qui travaillent : l'éducation des enfants et les soins aux personnes âgées", a-t-il expliqué.

UNE DIPLOMATIE FERME

"Nous ne devons pas céder aux menaces nord-coréennes. Un nouveau mandat me permettra d'adopter une diplomatie ferme", a ajouté le Premier ministre, selon qui l'heure est aux pressions plus qu'au dialogue.

Fort d'une cote de popularité proche de 50%, soit 20% de plus qu'en juillet, Shinzo Abe prend toutefois le risque de perdre sa "super majorité" des deux tiers, nécessaire pour mener à bien son vieux projet de réforme de la Constitution pacifiste.

Un sondage du Nikkei publié ce week-end crédite le Parti libéral-démocrate (PLD), dont il est issu, de 44% des intentions de vote. Le Parti démocrate, qui siège dans l'opposition, et le mouvement lancé par la gouverneure de Tokyo Yuriko Koike sont tous les deux à 8%.

L'agence Kyodo évalue quant à elle les intentions de vote pour le PLD à 27,7% avec 42,2% d'indécis.

Près des deux tiers des électeurs japonais sont opposés à ces élections législatives, les troisièmes depuis l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe en décembre 2012, selon la même enquête.

Son image d'homme fort a contribué à son regain de popularité sur fond d'accélération des essais balistiques et nucléaires de la Corée du Nord et a relégué au second plan des scandales de népotisme, dont l'un a éclaboussé son épouse.

Le député du Parti libéral-démocrate, Koichi Hagiuda, a balayé dimanche les craintes d'un vide du pouvoir au cours de la campagne électorale.

"Même s'il y a une urgence pendant l'élection, je suis convaincu que nous pourrons répondre correctement", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision publique NHK.

Selon une enquête interne du PLD divulguée samedi par le Nikkei, la coalition au pouvoir pourrait voir sa majorité à la chambre basse passer de 323 à 280, notamment en raison de réformes passées l'an dernier, qui a fait passer le nombre de sièges à l'Assemblée de 475 à 465.

(Linda Sieg et Takashi Umekawa, Julie Carriat, Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)