Scruté de près par la Fed pour envisager une prochaine baisse des taux, le marché de l'emploi a ralenti en avril aux Etats-Unis, avec des embauches en baisse et un chômage en légère hausse.
En avril, 175.000 emplois ont ainsi été créés, contre 315.000 en mars, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail. Le taux de chômage a, lui, légèrement augmenté, à 3,9% contre 3,8%. De leurs côtés, les analystes attendaient 240.000 créations d'emplois, et un taux de chômage stable à 3,8%, selon le consensus de Market Watch.
La santé, le social et le transport en tête des embauches
Dans le détail, ce sont notamment les secteurs de la santé, du social, du transport et de la logistique qui ont embauché en avril, précise le département américain du Travail dans son communiqué.
Ainsi, les créations d'emplois ont augmenté « au rythme le plus lent depuis octobre 2023 », et la variation annuelle des salaires est inférieure à 4% « pour la première fois depuis 2021 », a relevé Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics, dans une note.
Le salaire horaire moyen a augmenté de 7 cents, soit 0,2%, pour atteindre 34,75 dollars, détaille le département du Travail. Au cours des 12 derniers mois, le salaire horaire moyen a augmenté de 3,9%.
Par ailleurs, les inscriptions au chômage sont à un niveau historiquement bas depuis plus de deux ans, un peu supérieures à 200.000 chaque semaine, (208.000 fin avril) comme avant la pandémie de Covid-19.
Course à la Maison Blanche
La situation de l'emploi est un sujet-phare de la course à la Maison Blanche, pour l'élection présidentielle du 5 novembre, qui devrait voir, comme en 2020, un duel entre le président démocrate Joe Biden et son prédécesseur républicain Donald Trump.
« Le grand retour de l'Amérique continue », a ainsi salué Joe Biden dans un communiqué. « Lorsque j'ai pris mes fonctions (en janvier 2021, NDLR), j'ai hérité d'une économie au bord du gouffre, avec la pire crise économique en un siècle », a-t-il ajouté, dans une critique directe à Donald Trump.
Celui-ci a, sur son réseau social Social Truth, dénoncé les « horribles chiffres de l'emploi juste annoncés. Un grand bazar avec de fausses estimations. Ils auraient dû me demander de donner des prévisions. Biden détruit notre pays !!! ».
Vers une baisse des taux prochaine de la Fed ?
Mais outre la course à la Maison Blanche, la situation de l'emploi est surtout scrutée de près par la banque centrale américaine, la Fed, qui cherche à lutter contre la flambée des prix. Car, si un marché du travail solide est une bonne nouvelle pour les employés, le manque de main d'œuvre depuis près de trois ans a contribué à alimenter l'inflation.
« Le marché du travail reste relativement tendu, mais les conditions de l'offre et de la demande sont désormais mieux équilibrées », avait souligné mercredi le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une conférence de presse. « La croissance des salaires a ralenti au cours de l'année écoulée et l'écart entre emplois et travailleurs s'est réduit, mais la demande de main-d'œuvre surpasse toujours l'offre de travailleurs disponibles », avait-il également indiqué.
Néanmoins, ces chiffres devraient « aider les responsables de la Fed à reprendre confiance dans la capacité de l'inflation à retrouver le chemin de 2% », a souligné Nancy Vanden Houten, cheffe économiste pour Oxford Economics. Et donc à ne pas trop tarder à entamer la baisse des taux. Cette perspective a même fait bondir Wall Street à l'ouverture vendredi dernier.
Inflation repartie à la hausse
Alors que la Fed s'apprêtait à commencer à baisser ses taux - ce qui aurait fait baisser les taux d'intérêts des prêts immobiliers, automobiles, ou encore pour les cartes de crédit -, l'inflation a rebondi depuis le début de l'année aux Etats-Unis. Mercredi dernier, à l'issue de sa dernière réunion, la Fed a ainsi maintenu ses taux à leur plus haut niveau depuis plus de 20 ans, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%.
« L'inflation reste trop élevée, de nouveaux progrès pour la réduire ne sont pas assurés et la voie à suivre est incertaine », avait encore averti le président de l'institution.
Depuis janvier en effet, alors que la trajectoire de la hausse des prix était sur la bonne voie pour atteindre progressivement l'objectif de 2%, elle est repartie à la hausse, à 2,7% sur un an en mars, selon l'indice PCE privilégié par la Fed, et à 3,5% selon l'indice CPI. Un rebond qui contraste avec l'Europe, où le net ralentissement de l'inflation conduit la Banque centrale européenne (BCE) à envisager une baisse des taux dès juin. Pour autant, pas question d'augmenter les taux. Lors d'une conférence de presse, Jerome Powell a en effet écarté la possibilité d'une prochaine hausse des taux d'intérêt.
Un léger assouplissement
La Réserve fédérale marque cependant un début d'assouplissement de politique monétaire : elle a en effet annoncé mercredi dernier qu'elle réduira moins vite, à partir de juin, le volume d'actifs à son bilan.
Le portefeuille de la Fed avait grossi pendant la pandémie, lorsqu'elle a massivement acheté des titres, inondant le marché de liquidités pour maintenir le fonctionnement du système financier.Puis, parallèlement aux hausses de taux destinées à lutter contre l'inflation, elle avait cédé des titres, réduisant son portefeuille de 1.500 milliards de dollars.
(Avec AFP)