Le pétrole américain s'invite dans les contrats du Brent en Europe

Sur le marché à terme du pétrole de Londres, le contrat qui cote le baril de Brent, référence mondiale, va inclure en partie le brut de référence nord-américain, le WTI. Une modification pour mieux refléter la demande des raffineurs européens du brut étasunien qui remplace le brut russe, soumis à embargo.
Les deux « benchmark » majeurs (Brent et WTI) sont en train de converger vers une unification.
Les deux « benchmark » majeurs (Brent et WTI) sont en train de converger vers une unification. (Crédits : Reuters)

C'est une des conséquences de l'embargo européen sur le pétrole russe. La hausse des volumes de pétrole arrivant en Europe en provenance des Etats-Unis va entraîner la modification du contrat de référence (« benchmark ») sur le Brent, boussole des prix pour près de 80% du marché mondial.

Les sociétés qui structurent ces contrats vont inclure la référence de l'Amérique du nord, le Western Texas Intermediate (WTI), pour refléter davantage la réalité du marché européen où les raffineurs européens remplacent l'Oural russe par le WTI Midland. « Les exportations de WTI vers l'Europe ont atteint en moyenne 1,2 million de barils par jour (mb/j) au cours des derniers mois atteignant même 1,8 mb/j en mars 2023, soit le double de la production des bruts de la mer du Nord », indiquaient les experts de l'Agence nationale de l'énergie (AIE) dans leur dernier rapport mensuel.

Déclin de la production de la mer du Nord

Cette hausse issue de la dynamique des exportations de pétrole des Etats-Unis, se conjugue avec le déclin de la production de la mer du Nord dont les cinq bruts extraits dans les eaux du Royaume-Uni et de la Norvège qui composent le panier de référence du Brent.

Cette évolution n'est pas sans conséquence, car elle va intégrer directement  les mouvements qui affectent la production des Etats-Unis. En 2022, pour faire baisser les prix de l'essence, le gouvernement fédéral avait décidé de puiser 220 millions de barils dans ses réserves stratégiques dont une partie s'est retrouvée dans les exportations. De même, la variation des extractions dans le Bassin permien situé au Texas, où est pompé près de 60% de l'or noir des Etats-Unis, notamment issu de l'exploitation des schistes bitumineux, influencera directement la nouvelle référence.

Avec ces nouveaux contrats sur les marchés à terme, qui servent de couverture pour se protéger des variations des prix, mais traduisent aussi les anticipations des investisseurs sur l'évolution du marché du pétrole, les deux « benchmark » majeurs sont en train de converger vers une unification.

Vers une plus grande volatilité

Certains experts, cités par Reuters, soulignent la possible plus grande volatilité de la nouvelle référence, en raison des différences des volumes de livraison du WTI à l'Europe d'un mois à l'autre qui peuvent influer sur le prix. Ce qui pourrait avoir des conséquences en matière d'arbitrage pour les acheteurs, notamment en termes de fret.

Un autre indicateur de référence est le panier de l'Opep, qui ne fait que refléter la moyenne générale des 13 bruts des pays membres. Il s'affichait pour sa dernière cotation à 78,4 dollars tandis que les prix des barils de Brent et du WTI évoluaient légèrement en hausse en début d'après-midi de ce vendredi respectivement autour de 78,6 dollars et 75,2 dollars. Quant à l'Oural russe, sa dernière cotation s'affichait à 59,79 dollars, sous le plafond fixé par les pays du G7 et leurs alliés dans le cadre des sanctions contre la Russie pour sa guerre menée en Ukraine.

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