Etats-Unis : pourquoi l’ex-conseiller Flynn refuse de témoigner

L'ancien conseiller à la sécurité Michael Flynn refuse de témoigner devant la commission du renseignement du Sénat américain dans le cadre de l'enquête sur une possible ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016.
Grégoire Normand
Le témoignage de Michael Flynn pourrait être risqué pour Donald Trump et son équipe.

L'étau se resserre pour Michael Flynn. L'ancien conseiller à la sécurité nationale a indiqué lundi dans la soirée à la commission du renseignement du Sénat américain qu'il ne se soumettrait pas à son injonction de témoigner. Les sénateurs voulaient l'interroger sur une possible ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle américaine.

trump flynn

Donald Trump et Michael Flynn à droite dans le bureau ovale de la Maison blanche en janvier dernier. Crédits : REUTERS/Jonathan Ernst.

Dans un communiqué, les sénateurs Richard Burr et Mark Warner, chefs de file républicain et démocrate au sein de la Commission ont exprimé leur déception à l'égard la décision de l'ancien général :

"Alors que nous reconnaissons à Michael Flynn le droit d'invoquer le cinquième amendement de la Constitution, nous sommes déçus qu'il ait choisi de ne pas respecter la demande de la Commission de fournir les documents nécessaires à la poursuite de notre enquête".

Le prétexte de la Constitution

Le 10 mai dernier, le Sénat a demandé à Michael Flynn de fournir une liste de toutes ses rencontres et discussions qu'ils auraient eu avec des membres de l'administration russe. La Chambre haute lui réclamait également les enregistrements des conversations qu'il aurait pu avoir avec le candidat Trump à propos de la Russie entre le 16 juin 2015 et le 20 janvier 2017.

Pour refuser de témoigner et de livrer toutes les pièces demandées, l'ancien militaire a invoqué le cinquième amendement de la Constitution "qui garantit contre toute obligation d'avoir à témoigner contre soi-même" rappelle Reuters. Dans une lettre adressée au Sénat, les avocats de Michel Flynn soulignent que :

"Le contexte dans lequel le comité a demandé le témoignage du général et les documents montre clairement qu'il a une crainte plus que raisonnable que ses paroles pourraient se retourner contre lui [...] Il est la cible d'allégations outrageuses et quasi-quotidiennes, souvent attribuées à des sources anonymes du congrès ou des membres du gouvernement."

Un étrange revirement de la défense

La lettre des avocats témoigne d'un revirement des personnes en charge de la défense de l'ancien directeur du renseignement militaire sous Obama. En effet, l'avocat de Flynn Robert Kelner, avait déclaré à la fin du mois de mars que "le général a certainement une histoire à raconter, et il est très désireux de la raconter si les circonstances le permettent". Michael Flynn était prêt à témoigner en échange d'une immunité. Mais malgré cette protection, il pourrait quand même être poursuivi  En effet, les personnes qui ont obtenu une immunité de la part du congrès ou de l'exécutif en échange d'un témoignage peuvent être poursuivies pour parjure si elles donnent de fausses informations.

>> Lire aussi : Un ex-conseiller de Trump veut bien témoigner sur la Russie mais contre l'immunité

Un conseiller au passé trouble

Les charges s'accumulent sérieusement pour Michael Flynn. Après avoir démissionné au mois de février dernier pour avoir menti à sa propre administration et au vice-président américain Mike Pence, plusieurs révélations rendues publiques par des enquêtes parlementaires et la presse américaine ont fragilisé ce stratège militaire.

Le comité d'élus de la Chambre des représentants en charge de la surveillance a publié un corpus de documents qui dévoile le rôle trouble joué par la chaîne Russia Today, financée par le Kremlin et désigné par le renseignement américain "comme une branche de propagande du gouvernement russe". Le média aurait financé des séjours dans des hôtels luxueux pour Michael Flynn et son fils pendant leur déplacement à Moscou. Selon les documents divulgués, il aurait touché 33.750 dollars de la télévision russe. Un tel versement pourrait être contraire à la clause de la Constitution des émoluments qui interdit aux anciens militaires de recevoir de l'argent du gouvernement russe sans l'approbation du Congrès.

En août 2014, Mickael Flynn alors directeur du renseignement militaire américain avait déjà été congédié par l'administration Obama. Le militaire avait également participé à une soirée d'anniversaire de la chaîne de télévision Russia Today. Il était placé à côté du président russe comme le rapporte Associated Press.

Les liens entre Flynn et la Russie ne s'arrêtent pas là. Il a également été payé 11.250 dollars par la compagnie aérienne russe Volga-Dnepr. Selon le New-York Times, la compagnie de transport serait impliquée dans une affaire de corruption concernant des officiels russes qui travaillaient pour les Nations-Unies. Enfin, a touché 11.250 dollars de la filiale américaine de la grande société russe Kapersky Lab, spécialisée dans la sécurité des systèmes d'information et la vente d'antivirus. Kapersky a répondu dans un communiqué que Michael Flynn avait été payé pour des interventions lors d'un forum sur la cybersécurité en 2015 à Wahsington. Elle a ajouté :

"En tant que société privée, Kapersky Lab n'a pas de liens directs avec n'importe quel gouvernement, mais la société est fière de collaborer avec les autorités de plusieurs pays, ainsi que pour des agences internationales qui luttent contre le cybercrime".

Mais là encore, la nationalité de cette société peut encore alimenter la polémique sur le rôle de la Russie dans les différentes attaques informatiques menées ces dernières années contre des élus du camp démocrate.

Michael Flynn a également déclaré avoir touché 530.000 dollars de la Turquie entre août et novembre 2016. Il aurait perçu cette somme au titre d'activités de lobbying pour la Turquie alors qu'il conseillait dans le même temps M.Trump sur les questions de la sécurité.

>> Lire aussi : Trump : son ex-conseiller Michael Flynn a touché des milliers de dollars de la Russie

Alors que le New-York Times a récemment révélé que Trump avait demandé au FBI d'arrêter d'enquêter sur Michael Flynn, les débats sur la possible destitution du président américain gagnent du terrain.

>> Lire aussi : Pourquoi une destitution de Trump serait longue et complexe

Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 24/05/2017 à 2:18
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Merci beaucoup pour toutes ces informations

à écrit le 23/05/2017 à 16:26
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Un directeur du renseignement militaire US qui a travaillé pour des entreprises Russes et qui a fait du lobbying pour la Turquie.... à part ça il n'y aurait pas eu d’ingérence ? C'est une plaisanterie ? Au moins cela fait faire des économies aux s...

le 23/05/2017 à 22:00
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+1 C'est fou Et chez Nous des diplomates avec des valises ,Kadhafi aux Champs Elysées Un ancien ministre condamné pour un trafic de pétrole en Irak....

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