« Préparer les populations aux catastrophes climatiques » (Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française)

Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française, anticipe une multiplication en France des accidents liés au réchauffement de la planète. Il appelle les pouvoirs publics à enseigner les gestes qui sauvent au plus grand nombre de Français.
Philippe Da Costa - Président de la Croix-Rouge française
Philippe Da Costa - Président de la Croix-Rouge française (Crédits : © LTD / MATTHIEU SUPRIN)

« Cela fait plus de dix ans que nous vivons ici, et nous n'avions jamais été inondés. En quelques heures, notre sous-sol s'est rempli d'eau. Nous avons dû partir très vite, et tout laisser derrière nous. [...] Nous avons vécu trois inondations, coup sur coup. Aujourd'hui, on surveille le niveau de l'eau, on vit dans la peur que ça recommence. »

Lire aussiInondations dans le Pas-de-Calais : curer les canaux est-elle vraiment la solution pour éviter les crues ?

Le témoignage de Marjorie, sinistrée dans le Pas-de-Calais, est celui d'une France qui entre dans l'ère des catastrophes climatiques. Aujourd'hui, les deux tiers de la population française sont exposés aux inondations et aux mouvements de terrain. Cinquante millions de personnes ont été touchées par les épisodes caniculaires de 2023.

Le constat est sans appel : les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement. Tous les territoires de l'Hexagone et d'outre-mer sont concernés. Pour autant, nous ne sommes pas égaux face à la catastrophe. Les plus fragiles, notamment les 5,5 millions de personnes isolées et 330 000 sans-abri en France, sont davantage exposés et leur reconstruction s'avère plus douloureuse. Les sinistrés mettent aussi en exergue l'enjeu mal identifié de la santé mentale : entre 20 % et 50 % des personnes exposées à une catastrophe développent des troubles psychologiques.

Ces bouleversements inédits appellent une réponse d'une envergure sans précédent; préparer les populations doit s'ériger en priorité nationale*. Sur le plan collectif, il devient urgent de renforcer les mécanismes de détection des personnes vulnérables et de se mettre en capacité d'apporter des premiers soins psychologiques aux survivants. Les canicules, qui sont responsables de 85 % des décès liés aux catastrophes, doivent nous amener à garantir à chacune et à chacun un lieu de mise à l'abri, un accès à l'eau et à l'hygiène à travers la mise en place d'un plan « grand chaud ».

Sur le plan individuel, formons-nous (enfin) aux premiers secours. Seulement 40 % de la population française est formée aux gestes et comportements qui sauvent, contre 80 % en Allemagne. Maîtriser ces réflexes élémentaires peut préserver non seulement notre vie, mais aussi celles de nos proches. Disposer d'un sac d'urgence dans chaque foyer, afin de couvrir les besoins vitaux en cas de crise et de survivre plusieurs jours, doit également devenir la norme.

Les nouvelles réalités de la catastrophe climatique s'imposent à nous. Elles sont là. Face à cela, une mobilisation des forces vives peut nous permettre de reprendre en main notre destin, de protéger et de porter attention aux plus vulnérables d'entre nous.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 06/05/2024 à 7:55
Signaler
Oui mais par quel miracle une classe dirigeante déjà catastrophique, qui a anéanti notre système pourrait organiser notre survie ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.