Le gouvernement présente un premier bilan d'étape des débats sur la dépendance

Avant le lancement des débats en région, Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, présentait le 14 avril un premier bilan des débats organisés autour de l'aide aux personnes dépendantes. Rien n'est tranché pour l'instant mais quelques idées fortes émergent.
Copyright Reuters

C'est l'un des constats qui a été fait, au cours de ce point d'étape: on se perd facilement dans la diversité des dispositifs d'accompagnement des personnes âgées dépendantes et de leurs coûts. Pour clarifier les choses, les quatre groupes de travail mandatés par Roselyne Bachelot ont dressé l'état des lieux de ces services qui sont appelés à se développer en France dans les années à venir.

Plus de diversité des systèmes de prise en charge et une meilleure coordination

Pour Annick Morel, inspectrice générale des Affaires sociales et responsable du groupe de travail "société et vieillissement", le vieillissement est perçu en France de façon négative avec l'idée qu'il y a peu de solutions pour aider les personnes dépendantes. Elle explique cette perception par un manque de clarté des différents systèmes de prise en charge à cause d'un manque de coordination entre les différentes structures. En réponse à ce problème, la ministre envisage notamment de renforcer le rôle des médecins traitant avec "une rémunération spécifique et substantielle".

L'offre en terme d'accompagnement des personnes âgées, est suffisante mais manque de diversité, note de son côté Evelyne Ratte, conseiller maître à la Cour des Comptes et responsable des débats sur ce thème. Malgré quelques disparités territoriales, le nombre d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ephad) est jugé globalement suffisant. Mais entre ces structures médicalisées et l'aide à domicile qui s'adresse aux personnes peu dépendantes, il y a de la place pour des structures intermédiaires, estime Evelyne Ratte. Qui propose "des maisons de retraites à l'ancienne, non médicalisées, qui laissent leur autonomie aux personnes âgées tout en offrant un service commun mutualisé".

Le coût de l'accompagnement des personnes dépendantes plus élevé que prévu

Chargé d'évaluer les perspectives démographiques et financières, l'économiste Jean--Michel Charpin, a revu à la hausse l'estimation des dépenses liées à la dépendance dans les décennies à venir. La demande d'aide va augmenter à cause du nombre grandissant de personnes âgées, mais aussi à cause d'un accroissement de leurs besoins. "Jusqu'à présent on pensait que l'allongement de la durée de vie n'entraînait pas une hausse des dépenses liées à la dépendance. Aujourd'hui, on observe que pour 10% des personnes, mourir plus vieux signifie aussi vivre plus longtemps dans la dépendance", précise Jean-Michel Charpin.

Controverse autour du financement de l'aide aux personnes âgées

Le financement public des dépenses liées à la dépendance est conséquent, mais Bertrand Fragonard, président du Haut-Conseil à la famille en charge de ce dossier, rappelle que des dépenses élevées restent à la charge des personnes âgées ou de leurs familles. Aujourd'hui, l'effort public représente un total de 25 milliards d'euros. Ce socle de solidarité couvre 95% des dépenses de soins. En revanche, les dépenses liées à l'hébergement, en moyenne 1500 euros par mois, sont financées dans la majorité des cas de manière privée. S i la conservation de ce large socle de solidarité, géré par l'Etat, semble faire consensus, on ne peut pas en dire autant des propositions concernant des financements complémentaires.

Revenant sur l'idée avancée par le Medef, d'une assurance obligatoire pour les plus de 50 ans, Bertrand Fragonard a tenu à rassurer ceux qui craignaient un basculement vers le tout privé."On peut très bien envisager que ces assurances viennent en complément du socle qui existe déjà", a-t-il tempéré.

Rappelant que la journée de solidarité rapportait 2,3 milliards d'euros, Roselyne Bachelot n'exclue pas pour sa part d'organiser une seconde journée de ce type pour financer la dépendance. Cette idée fait déjà grincer bien des dents chez les chefs d'entreprise dont une partie paient quand même leurs employés ce jour là. Pour eux, cette mesure revient à augmenter le coût du travail.

Tollé du côté du "recours sur succession". Roselyne Bachelot reconnaît que la quasi-totalité des interlocuteurs se sont montrés hostiles à cette proposition. L'idée d'un financement de l'aide aux personnes âgées en prélevant après leurs décès une partie de leur patrimoine, devrait donc être abandonnée.

Par ailleurs le gouvernement a mis en place un site Internet pour recueillir témoignages et propositions des citoyens français.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.