C'est mieux, mais on est encore loin du compte. C'est ce que révèle en substance la deuxième édition de l'étude portant sur la non-discrimination et l'égalité des chances au travail et réalisée par Vigeo pour le Bureau international du travail (BIT) auprès de 539 entreprises européennes cotées en bourse (soit plus de 80% de la capitalisation du marché européen).

Les résultats de cette étude qui est présentée ce jeudi lors d'un colloque organisé sur "les droits humains en entreprise" au Conseil économique, social et environnemental (CESE) montrent ainsi que la responsabilité sociale des entreprises (RSE) commence à faire son chemin et que les discriminations sont davantage prises en compte dans le monde du travail, même si les progrès restent inégaux.

Les gérants d'actifs sensibles aux pratiques

Si les engagements des entreprises dans ce domaine sont de plus en plus clairement affichés (notamment parce qu'ils sont décortiqués par les investisseurs et les gérants d'actifs), les moyens mis en ?uvre en termes d'actions de sensibilisation ou de formation restent limités. Tout comme la mise en place d'indicateurs de performance. "Il y a un décalage entre l'affichage et les actions", pointe Fouad Benseddik, directeur des méthodes et des relations institutionnelles de Vigeo. Et certaines entreprises se contentent de faire de la "com" sur ce sujet. Quand d'autres, encore trop peu nombreuses, ont mis en place des stratégies innovantes et efficaces, notamment en décidant de revoir tous les ans annuellement leur plans de rémunération afin d'identifier des écarts importants dans les salaires entre hommes et femmes.

Vigeo qui préfère mettre en avant les bons élèves que mettre à l'index les plus mauvais place dans le Top 10 des entreprises les plus vertueuses quatre entreprises françaises. L'Hexagone se retrouve en tête des pays qui discriminent le moins, "même s'il y a encore des marges de progression, tandis que la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Autriche ferment le ban", explique Nicole Notat, présidente de Vigeo. 

Quatre entreprises françaises dans le Top 10

Au premier rang on trouve E.ON AG, entreprise allemande spécialisée dans l'électricité et le gaz, "grâce à son approche globale de la non-discrimination et à ses résultats positifs à long terme", note l'étude. Suivent ensuite deux entreprises françaises : le constructeur automobile PSA-Peugeot-Citroën, grâce à son pourcentage de femmes-cadres), et le chimiste Rhodia SA, par ses mesures efficaces adoptées en faveur de l'intégration des personnes handicapées.En quatrième place, on trouve l'assureur Aviva dont le siège se trouve au Royaume-Uni et le groupe pharmaceutique danois Novo Nordisk, A/S. EDF se place quant à elle en sixième position et TF1 au dixième rang.

L'implication des dirigeants est prépondérante

Si les entreprises françaises sont mieux placées que les autres, c'est aussi parce que le "niveau d'exigences règlementaires dans ce domaines est le plus développé et a des conséquences sur l'engagement des entreprises sur ces sujets", explique Nicolas Notat. Elle pointe également le rôle important des parties prenantes (syndicats, ONG, etc.) sur ce sujet. Mais si "l'intervention du législateur peut faire la différence, abonde Fouad Benseddik, elle ne suffit pas à expliquer les différences". C'est pourquoi il rappelle que cette étude montre, une fois encore, que lorsqu'il s'agit de "responsabilité sociale, ce qui fait la différence, c'est la fonction dirigeante et sa capacité de dialogue".