"Le fonds monétaire européen est une barrière de sécurité"

Entretien exclusif avec Daniel Gros, directeur du Center for European Policy Studies (CEPS), dont les idées ont inspiré le projet de fonds monétaire européen, un FMI à l'européenne, imaginé après la crise grecque.

La Tribune - Pourquoi lancer un projet de Fonds monétaire européen sur le modèle du FMI ?

Daniel Gros - Pour la Grèce, il est trop tard. On aurait dû le faire avant. Mais il n'est pas trop tard pour protéger la zone euro contre des pays qui présentent un besoin de financement structurel et ne feraient pas l'effort d'adaptation nécessaire.

- Dans le concept de FME que le CEPS a rendu public il y a un mois et qui inspire visiblement le projet en discussion à Bruxelles et à Berlin, vous faisiez l'hypothèse d'un financement préalable du Fonds... qui n'existe pas. Dans le monde réel, comment procéder ?

- Il faut des lignes de crédit des pays forts de la zone euro. Le but est de créer ce Fonds maintenant pour avoir une arme de dissuasion massive pour les pays qui ne sont pas encore décidés à faire l'ajustement nécessaire. Même en Grèce, le plan du gouvernement n'est qu'un premier pas. Les recettes fiscales vont chuter ; il y aura besoin de mesures supplémentaires. Que fera alors le gouvernement ? La possibilité que la population accepte l'inévitable est plus grande si le FME existe et peut intervenir en cas de défaut de paiement.

- Comment contourner la clause dite de « no bail out » visant à limiter l'aléa moral et qui interdit à l'UE ou à un État membre de secourir un membre de la zone euro ?

- Cette clause n'est pas crédible. On a vu que quand les marchés chutent, les gouvernements s'inquiètent et promettent toutes sortes de choses. Le FME est une barrière de sécurité. C'est d'abord un soutien aux programmes d'ajustement, ce qui ne coûte rien. Mais il fournit aussi un plan B si le programme ne marche pas ou n'est pas mis en oeuvre. Le Fonds peut alors, en cas de défaut de paiement, racheter la dette publique, avec une décote de 10 %, 20 % ou 50 %. Il réduit donc l'aléa moral, puisqu'il rend possible la banqueroute d'un pays sans mettre en danger toute la zone euro.

- À quels autres pays que la Grèce pensez-vous ?

- Le Portugal a des chiffres très semblables à ceux de la Grèce. En revanche, l'Espagne, l'Italie et l'Irlande sont dans des situations très différentes, car elles ont une épargne privée importante. Qui plus est, les dettes publiques de l'Espagne ou de l'Irlande sont très basses.

Commentaires 4
à écrit le 17/03/2010 à 16:07
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A didi : La faillite d'un pays, ça n'existe pas ! Je vous invite à lire ce texte très instructif qui pourra vous éclairer sur le sujet (http://www.monde-diplomatique.fr/2008/07/TINEL/16109).

à écrit le 09/03/2010 à 15:46
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Derrière la Grèce, il y a le Portugal et aussi la France dont l'endettement et la fiscalité sont records et donc anti-croissance. La moitié du budget serre à rembourser la dette qui ne cesse d'augmenter. Il y aura une fin. La France n'est pas intouch...

à écrit le 09/03/2010 à 13:23
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Il faut enfin donner à l'Europe, les moyens de fonctionner , cad additionner les moyens de chacun pour s'entraider et supporter ceux qui passent par une mauvaise période , à l'inverse il faudra demander aux pays membres qu'en retour , ils mettent en ...

à écrit le 09/03/2010 à 5:59
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Est ce que la creation du FME signifira l arret de subviention de l UE au FMI?

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