Le G20 soutient le plan européen, la réduction des déficits et esquive la taxe bancaire

Pendant deux jours, les grands argentiers de la planète sont réunis à Busan en Corée du Sud pour le G20. Au menu : l'adoption de nouvelles mesures pour stabiliser l'économie mondiale face aux turbulences provoquées par les difficultés budgétaires dans la zone euro et les craintes d'un ralentissement de la reprise. Avec des chances de succès relatif.

Le Premier ministre François Fillon l'a redit ce vendredi lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue canadien, Stephen Harper. Il n'y a pas de consensus interntaional pour "taxer les activités à risques des banques". Pour autant, le chef du gouvernement veut croire que le G20 programmé fin juin à Toronto n'accouchera pas d'une souris :  "On cherche à trouver une entente sur cette question, et même si les pays font des choses différentes on peut reconnaître un principe en commun, qui est que les risques sont pris par les institutions bancaires elles-mêmes et non pas par les contribuables."

En attendant les ministres des Finances qui se réunissent pour deux jours à Busan, en Corée du Sud, travaillent à l'adoption de nouvelles mesures pour stabiliser l'économie mondiale face aux turbulences provoquées par les difficultés budgétaires dans la zone euro et les craintes d'un ralentissement de la reprise.  "En ce qui concerne la crise actuelle, le G20 est très vigilant sur la situation et soutient les initiatives prises par l'UE et le FMI pour remédier au problème", a déclaré à la presse Sakong Il, président de la commission présidentielle pour le G20.

Outre un plan d'aide de 110 milliards d'euros pour la Grèce, les dirigeants de la zone euro se sont également mis d'accord sur un vaste plan de stabilisation financière de la zone euro d'un montant total de 750 milliards d'euros. Les marchés ont initialement accueilli ces mesures avec enthousiasme avant de rechuter, tout comme l'euro, face aux inquiétudes suscitées par les déficits élevés de l'Espagne et du Portugal. Ce climat d'incertitude est loin d'être circonscrit à l'Europe et l'ensemble des marchés mondiaux ont souffert face aux craintes d'un coup de frein porté à la reprise. Youssef Boutros-Ghali, le ministre égyptien des Finances qui dirige également le comité directeur du Fonds monétaire international, a estimé que la Grèce n'en avait pas fini avec ses problèmes, ajoutant qu'il existait une interrogation sur sa capacité à mettre en oeuvre les réformes promises à l'UE et au FMI. Dans une interview à Reuters, il a en outre souligné que le FMI devait trouver de nouvelles ressources après avoir aidé la Grèce.

PRIORITÉ A LA RÉDUCTION DES DÉFICITS BUDGÉTAIRES

La plupart des pays du G20 jugent la réduction des déficits budgétaires prioritaire sur le soutien à la croissance, a déclaré ce vendredi Christine Lagarde, la ministre française de l'Economie. En marge de la réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du Groupe des Vingt à Busan, en Corée du Sud, elle a ajouté que seule une minorité de pays jugeaient que le soutien à la croissance devait l'emporter.
 

Les débats au sein duG20sont animés sur le calendrier des mesures de soutien à l'économie mises en oeuvre depuis deux ans pour faire face à la crise financière et économique, certains jugeant qu'un retrait prématuré de ces soutiens risquerait de conduire une rechute de l'économie mondiale dans la récession.
"Il y a une majorité qui place l'assainissement budgétaire en tête des priorités", a déclaré Christine Lagarde à des journalistes."Nous avons beaucoup parlé de croissance et de la compatibilité de cette croissance avec le nécessaire assainissement budgétaire, notamment dans les pays développés et pas seulement en Europe", a-t-elle expliqué.
 

La reprise est plus fragile dans la zone euro, a-t-elle constaté, ajoutant que les pays les plus endettés devaient avancer plus rapidement que les autres.
"Il est clair qu'il y a de la croissance, parfois trop forte avec le risque d'une surchauffe dans certaines régions, notamment dans les marchés émergents comme l'Amérique latine et certains pays d'Asie", a-t-elle poursuivi. Christine Lagarde a jugé que la Banque centrale européenne (BCE) avait agi de manière responsable durant la crise de la dette dans la zone euro. Elle a qualifié l'euro de devise crédible.
 

"La BCE a eu le courage et la lucidité dans certaines occasions, comme il y a 18 mois et il y a quelques semaines, de prendre les mesures appropriées dans des circonstances exceptionnelles et je considère que c'était très responsable", a-t-elle dit. L'euro est tombé vendredi à son plus bas niveau depuis quatre ans face au dollar américain, se rapprochant du seuil de 1,20 dollar, en raison notamment des craintes d'une contagion de la crise de la dette grecque. "L'euro est un bien commun et une monnaie crédible", a dit Christine Lagarde.
 

Elle a également évoqué l'"interdépendance" des pays de la zone euro en expliquant que le plan de soutien à la Grèce et le plan de stabilisation pour l'ensemble de la zone euro avaient contribué à rassurer les partenaires des 16. "J'ai eu l'impression que nos partenaires étaient plutôt rassurés par le mécanisme que nous avons mis en place. (Le secrétaire au Trésor américain) Tim Geithner, par exemple, a noté la qualité et la rapidité des deux mesures", a-t-elle dit.

GEITHNER CONFIANT DANS LA SOLIDITÉ DE L'ÉCONOMIE

Alors qu'il était en route pour Busan, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a estimé de son côté que l'économie mondiale était suffisamment forte pour surmonter la crise de la dette en Europe. "L'économie mondiale est entrée dans cette période d'inquiétudes pour l'Europe avec une croissance et une vitesse sous-jacentes plus fortes que ce que beaucoup auraient pensé et nous sommes dans une position bien plus forte pour traverser cela", a-t-il déclaré.

Evoquant les sujets à l'ordre du jour de la réunion à laquelle seront également présents les gouverneurs des banques centrales des pays membres, le responsable américain a fait état d'un large consensus sur la nécessité de fixer des règles communes aux marchés financiers. L'opposition de plusieurs pays, dont le Canada, éloigne pour l'instant la perspective d'un accord sur la création d'une taxe bancaire mondiale, destinée à financer d'éventuels futurs renflouements dans le secteur financier. A la place, les ministres des Finances vont discuter d'une palette d'options en vue de leur adoption par les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 lors du sommet de Toronto à la fin du mois. Des engagements plus précis pourraient par la suite être pris lors du sommet de Séoul en novembre.

"Les secteurs bancaires des différents pays se trouvent dans des situations variées. Donc il n'y aura pas une politique applicable à tous", a déclaré Sakong Il. Les dirigeants du G20, avec l'appui du Fonds monétaire international (FMI), évalueront l'impact mutuel des différentes mesures qui seront proposées par chacun des pays, a-t-il ajouté. Le risque est que certaines banques délocalisent une partie de leurs activités pour profiter de règles moins contraignantes, a-t-il reconnu, une inquiétude également exprimée par Timothy Geithner. "Le risque ne respecte pas les frontières nationales. Il y ira là où les contraintes sont les plus faibles", a-t-il dit. Les ministres des principales économies industrialisées et émergentes discuteront également des grandes lignes d'un dispositif pour les banques qui représentent un risque systémique ("Too big to fail"). Mais là encore, le G20 devrait se contenter de principes généraux.

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