Jean-Claude Trichet écarte tout risque de défaut d'un pays européen

"Nous ne permettrons pas que cela se produise", affirme le président de la Banque centrale européenne à l'évocation de la faillite d'un Etat de la zone euro.

Le marché attendait depuis longtemps des propos fermes de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE) sur la crise des dettes souveraines en zone euro. C'est enfin chose faite.

Dans une interview publiée ce dimanche dans le journal allemand Welt am Sonntag, le patron de la BCE exclut un risque de défaut de la Grèce, de l'Espagne ou du Portugal et affirme que l'Europe ne permettra pas qu'un de ses membres en difficultés ne s'écroule sous le poids de sa dette.

"Nous ne permettrons pas que cela se produise. Nous n'avons pas créé le Traité de Maastricht pour ensuite revenir en arrière", explique-t-il dans l'entretien.

Et de défendre à nouveau la décision de la BCE, le mois dernier, de racheter de la dette afin de ramener le calme sur les marchés obligataires et de faire baisser le coût de l'emprunt pour la Grèce et les autres pays endettés de la zone euro. "La situation était dramatique. L'Europe était à l'épicentre de la crise à ce moment-là", souligne-t-il.

Cette mesure controversée a provoqué des divergences à la tête de la BCE, Axel Weber, le président de la Bundesbank ayant déclaré publiquement qu'elle risquait de poser "de graves riques pour la stabilité". "Ces dernières semaines, j'ai compris une chose : en Allemagne, certaines choses sont interprétées différemment", estime Jean-Claude Trichet.

"La clause anti-renflouement signifie qu'il n'y a pas d'obligation d'offrir des aides ou des transferts. Mais cela ne veut pas dire que dans des circonstances exceptionnelles, un pays ne peut pas être autorisé à proposer une aide à un autre (Etat)", a-t-il ajouté.

La France et l'Allemagne renvoyées dos-à-dos

Le président de la BCE a aussi la dent dure contre les deux grands partenaires européens, la France et l'Allemagne. Selon lui, les deux pays ont pavé la voie à la crise en zone euro avec la "rupture du Pacte de stabilité en 2004" lorsqu'ils ont réclamé un assouplissement des critères du Pacte, qui a finalement été révisé.

"J'aurais aimé que l'opinion publique allemande réagisse avec la même colère contre la rupture du Pacte de stabilité en 2004 que celle manifestée contre notre décision d'acheter des obligations d'Etat" de pays européens en difficulté budgétaire, assène-t-il.

Jean-Claude Trichet se montre tout aussi coriace contre les banques. "Elles auraient toutes disparues si nous ne les avions pas sauvées", affirme-t-il, jugeant ainsi "incompréhensible" que les banquiers aient cru pouvoir continuer à agir comme avant la faillite en 2008 de la banque américaine Lehman Brothers, qui avait précipité la crise financière mondiale.

Indemnités et bonus excessifs, comme les bénéfices déconnectés de l'économie réelle, sont "incompatibles avec nos valeurs fondamentales existantes", a-t-il jugé. Des propos qui interviennent avant le sommet du G20 qui se réunit les 26 et 27 juin à Toronto et où devrait être discutée l'idée d'une taxe sur les banques défendue par les Européens ainsi qu'une taxe sur les transactions financières.

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