Comme les marchés s'y attendaient, la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas modifié ses taux directeurs ce jeudi. Le taux de refinancement reste donc au plus bas record de 1%, niveau sur lequel il stationne depuis quatorze mois.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), le Français Jean-Claude Trichet, a indiqué ce jeudi dans sa traditionnelle conférence de presse prévoir toujours une croissance économique modérée et inégale en zone euro en 2010, dans un environnement "d'incertitudes élevées".

Le niveau des taux d'intérêt reste ainsi "approprié", a-t-il poursuivi, soulignant également l'absence de pression inflationniste à moyen terme.

Un besoin d'intervention de la BCE "diminué"

Les commentaires du président sur la crise de la dette était très attendus. Evoquant le programme controversé d'achat d'obligations publiques entamé en mai par la BCE pour aider les pays en détresse budgétaire, il a estimé que le besoin d'intervention par l'institution semblait "avoir progressivement diminué" et noté une "tendance pour le marché secondaire à fonctionner un peu mieux" ces derniers temps. Les mesures non-conventionnelles "prises pendant la période de vives tensions sur les marchés financiers" sont "temporaires par nature", a-t-il également dit.

Concernant les finances publiques des pays de la zone euro, Jean-Claude Trichet a affirmé que "dans l'environnement actuel, tous les pays de la zone euro doivent, au minimum, se conformer à leurs plans de consolidation budgétaire". "Des objectifs plus ambitieux, comme ceux adoptés par plusieurs pays, pourraient devenir nécessaires si les plans actuels ne parviennent pas à remplir le principal objectif consistant à stopper voire à inverser la hausse du ratio de la dette publique".

Par ailleurs, selon Jean-Claude Trichet, il est trop tôt - "à la lumière de la volatilité constatée ces derniers mois" - pour dire si le plus dur est passé pour le crédit, même si "le flux mensuel des prêts bancaires aux entreprises non-financières a été positif en mai".

Sur les tests de résistance sur les banques, la BCE a salué "la décision annoncée par le Conseil européen de publier, avec le consentement des banques concernées, les résultats individuels" de ces exercices.  "Des bilans sains, une gestion du risque efficace et des business models solides et transparents sont essentiels au renforcement de la résistance des banques aux [chocs] et pour garantir un accès adéquat aux financements."

Freins à la reprise

Jean-Claude Trichet estime également que "la reprise de l'activité devrait être freinée par le processus d'ajustement des bilans dans divers secteurs et par les perspectives du marché du travail".

Quant aux risques encourus par l'économie, "à la hausse, l'économie mondiale et le commerce international pourraient se redresser plus fortement que prévu, ce qui soutiendrait par conséquent les exportations de la zone euro", a-t-il également dit. "A la baisse, les inquiétudes restent liées aux tensions ravivées sur les marchés financiers avec de possibles effets adverses supplémentaires sur les conditions financières et la confiance."

Ce jeudi également, la Banque d'Angleterre a maintenu son taux d'intervention au plus bas record de 0,5%. Ce taux n'a plus bougé depuis le 5 mars 2009. Le Comité de politique monétaire de la BoE a par ailleurs conservé à 200 milliards de livres l'objectif de rachat d'actifs, un statu quo qui dure depuis cinq mois.