L'euro profite des mauvais chiffres du marché de l'emploi américain. La monnaie unique a dépassé ce vendredi la barre de 1,33 dollar, pour la première fois depuis le 3 mai dernier. Elle a touché 1,3334 dollar pour 1 euro avant de retomber légèrement. Vers 17h45, 1 euro s'échangeait ainsi contre 1,3280 dollar. Le dollar reculait également face au yen, frôlant avec la barre de 85 yens, au plus bas depuis novembre 2009.

Ce nouvel accès de faiblesse du billet vert s'explique par les mauvais chiffres du marché de l'emploi américain. En juillet, la première économie mondiale a détruit 131.000 emplois, deux fois plus qu'attendu, en raison notamment de l'arrêt des emplois temporaires liées au recensement décennal qui s'est tenu cette année aux Etats-Unis. Ce chiffre traduit également la faiblesse de l'emploi dans le secteur privé, qui n'a créé que 71.000 postes le mois dernier.

Ces chiffres ravivent les inquiétudes d'une rechute de l'économie américaine (scénario en W). Les économistes estiment en effet que la consommation ne pourra pas prendre le relais des mesures de soutien de l'Etat, dont les effets vont bientôt prendre fin, sans une amélioration de l'emploi. Une amélioration qui tarde toujours à venir, notamment parce que la croissance du produit intérieur brut (PIB) n'est pas assez élevée. Au deuxième trimestre, elle n'est ressorti qu'à 2,4%.

Les marchés anticipent ainsi la mise en place par la Réserve fédérale de nouvelles mesures du soutien à l'économie. Les conclusions du Comité de politique monétaire de l'établissement, mercredi prochain, permettront peut-être d'y voir un peu plus clair. Il semble en tout cas désormais acquis que le relèvement du taux directeur américain, actuellement fixé dans une marge de fluctuation allant de zéro à 0,25%, niveau historiquement bas, interviendra bien plus tard que prévu.

Les investisseurs tablent désormais sur le deuxième semestre 2011 alors que certains redoutaient en début d'année une sortie prématurée de la politique monétaire accommodante. Depuis, les perspectives économiques se sont très clairement assombries. Avec un effet immédiat sur le marché des changes: alors que le dollar était fortement remonté face à l'euro, touchant 1,19 dollar pour un euro début juin, la succession de mauvais indicateurs a inversé la tendance.