Les dirigeants démocrates à la Chambre des représentants ont annoncé mercredi leur intention d'inscrire à l'ordre du jour un texte de loi donnant à l'administration américaine de nouveaux outils pour protéger les entreprises du pays contre le yuan, accusé d'être sous-évalué.

Cette annonce intervient à la veille d'une rencontre prévue à New York entre le président Barack Obama et le Premier ministre chinois Wen Jiabao.

Le chef de la Maison blanche a déclaré lundi que la Chine n'avait pas fait assez pour permettre une appréciation de sa devise, poursuivant la politique de fermeté adoptée par Washington vis-à-vis de la politique de change de Pékin.

"Il est temps pour le Congrès d'adopter une législation qui donnera un moyen de pression à l'administration dans ses négociations bilatérales et multilatérales avec le gouvernement chinois", a déclaré la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, dans un communiqué.

"Si la Chine permettait à sa devise de réagir aux forces du marché, cela créerait un million d'emplois dans l'industrie américaine et réduirait notre déficit commercial avec la Chine de 100 milliards de dollars par an pour un coût nul pour le Trésor américain", a-t-elle ajouté.

Dans un discours tenu devant des hommes d'affaires américains à New York, le Premier ministre chinois a estimé qu'il ne fallait pas politiser le problème et que le taux de change du yuan n'avait rien à voir avec le déficit commercial américain.

"Les conditions d'une forte appréciation du renminbi (yuan) n'existent pas", a dit Wen Jiabao.

L'appréciation de la devise chinoise que réclament les élus américains ne créerait pas d'emplois aux Etats-Unis car les entreprises américaines ne fabriquent plus de produits nécessitant une importante main d'oeuvre, a-t-il ajouté.

SUBVENTION AUX EXPORTATIONS

La Chambre devrait se prononcer sur le texte la semaine prochaine, a rapporté un assistant démocrate.

La perspective d'une action similaire au Sénat, qui devra également donner son aval à la législation, est en revanche plus incertaine. Des sénateurs ont estimé que le calendrier était trop serré, nombre de parlementaires comptant quitter Washington dans quelques semaines pour partir faire campagne pour les élections de mi-mandat.

La Banque centrale chinoise a amorcé une évolution en juin en annonçant l'abandon du lien rattachant le yuan au dollar et ainsi permettre à la devise d'évoluer plus librement. Le yuan a depuis avancé de 1,8% face au dollar.

Les détracteurs de la politique de change de Pékin au Congrès affirment que la Chine sous-évalue de 25% à 40% sa monnaie, ce qui apporte aux entreprises chinoises un avantage indu.

Le yuan est devenu une cible de choix pour la classe politique, soucieuse d'afficher sa détermination à se battre pour l'emploi dans la perspective des élections du 2 novembre.

Le texte de loi qui est proposé considèrerait la devise chinoise comme "sous-évaluée" et constituant une subvention aux exportations, ce qui permettrait au département du Commerce d'imposer des droits de douane compensatoires.