Le succès de l'industrie allemande s'accorde une pause en décembre. Selon les chiffres rendus publics ce lundi par le ministère fédéral de l'Economie, les commandes à l'industrie allemandes ont reculé de 3,4% en décembre par rapport à novembre. La baisse n'est pas une surprise, mais elle est bien plus nette que ce qu'attendaient les experts qui tablaient plutôt sur un recul de 1,5%.

Ce phénomène s'explique avant tout par une pause dans la demande de biens d'investissement en provenance des pays émergents. Or ce secteur est le fer de lance de la croissance industrielle de l'Allemagne. En décembre, les commandes industrielles en provenance de l'étranger ont ainsi reculé de 4,2% sur un mois et celles des pays hors zone euro reculent nettement de 8,9%. Pour le secteur des biens d'équipement, le recul est encore plus prononcé : au total, il est de 6,6%, mais il atteint 15,5% concernant les commandes provenant de l'extérieur de la zone euro.

Sur deux mois la tendance reste positive

Même si ce chiffre est un baromètre important de la santé future de l'économie allemande, il ne faut pas trop surestimer son importance. En effet, les commandes industrielles avaient fortement progressé en novembre, de 5,2%. Et sur un an, les commandes industrielles sont en hausse de 19,7%, celles en provenance de l'étranger progressent de 24,3% et celles concernant les biens d'équipement de 22,7%. Même sur deux mois, la tendance est positive : les commandes industrielles glanées en novembre et décembre ont été 4,4% plus fortes que celles obtenues en septembre et octobre. Pas de quoi paniquer, donc.

Le ministère de l'Economie note d'ailleurs que "l'évolution des prises de commandes reste orientée vers le haut et se situe au quatrième trimestre bien au-delà du chiffre du troisième trimestre". Par ailleurs, l'indice de confiance des directeurs d'achat a montré que le début de l'année semblait très bien orienté dans l'industrie allemande. Le coup d'arrêt de décembre ressemble donc à une correction après l'euphorie de novembre.

Quel impact sur la croissance ?

Reste que ce chiffre décevant de décembre amène deux réflexions. La première est qu'il s'ajoute à une autre déception, celle des ventes au détail de décembre. Si la production industrielle - qui sera connue demain - est également décevante en décembre, on peut s'attendre à un impact légèrement négatif sur la croissance du dernier trimestre de 2010. Cette dernière sera connue mardi prochain seront donc à surveiller. Destatis, l'Insee locale, avait estimé qu'une progression trimestrielle de 0,5% était en phase avec son estimation de 3,6% de croissance pour l'année.

Par ailleurs, cette statistique vient confirmer un fait de plus en plus important : la très grande sensibilité de l'industrie allemande à la croissance émergente. C'est bien désormais en dehors de la zone euro que les industriels allemands vont chercher leur croissance. Ainsi, la hausse de 3,7% des commandes industrielles provenant de la zone euro n'a pas pu inverser en décembre la tendance globale.