Les Grecs proposent leur programme de privatisations aux Israéliens

Partie en tournée internationale, Costas Mitropoulos, patron de l'organisme chargé de privatiser 50 milliards d'euros de biens publics grecs, est venu à Tel Aviv chercher des repreneurs israéliens. Une faveur qui traduit le rapprochement entre les deux pays favorisé par la détérioration des relations israélo-turques.
L'annonce de la privatisation de la banque grecque avait entraîné des manifestations en mai 2011/AFP

Un aéroport, une compagnie de distribution d'eau, des terrains à bâtir : tels sont certains des "joyaux de la couronne" que la Grèce propose à des investisseurs israéliens. Pour promouvoir ces ventes, Costas Mitropoulos, le patron du Fond d'exploitation du patrimoine grec, l'organisme chargé de céder au plus offrant pour 50 milliards d'euros de biens publics, est venu cette semaine en personne à Tel Aviv. A cette occasion, il a rencontré des représentants de grands groupes israéliens venus examiner ses propositions.

Quelques exemples : Mékorot, la compagnie publique des eaux israélienne, est candidate à la reprise du système de distribution et de traitements d'Athènes et de Salonique. Delek, une entreprise spécialisée dans l'énergie, s'est mise sur les rangs pour la reprise du groupe gazier grec Depa et sa filiale de distribution Desfa. "Le fait que 17 sociétés étrangères aient fait acte de candidature pour cette opération constitue un signe de confiance important, surtout s'il l'on se souvient que pour la privatisation de la compagnie d'électricité portugaise l'an dernier, seuls cinq partenaires potentiels s'étaient manifestés", s'est félicité Costas Mitropoulos.

350 ports, 37 aéroports, six autoroutes

Parmi les autres "affaires" en vue figurent le rachat de Hellinikon, un ancien aéroport international d'Athènes où doit être lancé un projet de développement urbain. Douze installations portuaires importantes ainsi que 350 ports de plus petite dimension, 37 aéroports régionaux, six autoroutes et des terrains à bâtir d'une superficie totale de 3.000 km2 pour réaliser des opérations touristiques notamment dans les îles de Corfou et de Rhodes. Dans le secteur de l'armement, des groupes israéliens envisagent de reprendre une partie des usines de productions de matériel militaire. "Les procédures de vente seront totalement transparentes et placées sous le contrôle de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international", a assuré Costas Mitropoulos qui a annoncé son intention de prospecter aussi dans les pays du Golfe, en Russie, en Chine au Japon et aux Etats-Unis.

Lune de miel diplomatique

La décision de faire une étape à Tel Aviv ne relève pas du hasard. Athènes et Israël vivent une lune de miel diplomatique sans précédent alors que durant des décennies la Grèce a été considérée comme un pays "pro-arabe". Ce rapprochement s'explique en grande partie par la crise que traversent les relations de l'Etat hébreu avec la Turquie depuis l'arrivée au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan, le chef de file d'un parti islamiste modéré, qui ne manque jamais une occasion de dénoncer Israël.

Hasard du calendrier, la visite de Costas Mitropoulos a coïncidé avec des man?uvres israélo-grecques en Méditerranée avec la participation de la sixième flotte américaine. Objectif : préparer les forces navales à défendre des plate-formes gazières notamment celles que va exploiter Chypre dans lesquelles des investisseurs grecs ont des intérêts. Parallèlement, Israël qui a conclu l'an dernier un accord sur la délimitation des zones d'exploitation économiques exclusives avec Chypre, a également découvert récemment d'énormes gisements gaziers, dont les réserves sont évaluées à plus de 1.000 milliards de m3.

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