La BCE devrait observer une pause dans la baisse de ses taux directeurs

La Banque centrale européenne devrait maintenir son principal taux directeur au plancher historique de 1%.
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Après deux baisses consécutives du loyer de l'argent en novembre et décembre, la Banque centrale européenne devrait se mettre en mode pause à l'issue de son premier conseil de l'année ce jeudi, maintenant son principal taux directeur à 1%, le plancher historique sur lequel il a été ramené. Seule une infime minorité de stratèges taux envisage un nouvel abaissement des taux dès ce 12 janvier, bien qu'ils tablent quasiment à l'unanimité sur une prochaine ouverture du robinet du crédit, qui ferait sauter dès février ou mars ce fameux verrou de 1% dont le prédécesseur de Mario Draghi à la tête de la BCE, Jean-Claude Trichet, avait fait un plancher absolu au nom de la stabilité des prix. Les conditions actuelles ne militent en effet pas pour la précipitation. L'euro s'est sensiblement affaibli depuis la dernière réunion de la BCE, cédant près de 6 % de sa valeur par rapport au dollar, ce qui redonne un peu d'oxygène aux exportateurs de la zone qu'il représente. Les risques inflationnistes sont passés au second plan et la confiance des chefs d'entreprise et des ménages connaît une petite embellie.

Enfin, les banques croulent sous une avalanche de liquidités depuis qu'elles ont bénéficié le 21 décembre de 489 milliards d'euros de prêts à trois ans de la BCE, au point qu'elles parquent des montants records de liquidités auprès de sa facilité de dépôts à 24 heures. Entre mardi et mercredi elles ont encore pulvérisé le dernier record annoncé mardi en y entreposant 485,898 milliards d'euros. En dépit de la faible rémunération de 0,25 % qui leur est accordée, les banques, qui répugnent toujours à se prêter entre elles, préfèrent conserver en lieu sûr une grande partie des fonds mis à leur disposition pour faire face à de lourdes échéances de prêts au premier trimestre. Au total, les banques de la zone euro doivent rembourser 230 milliards d'emprunts au cours des trois premiers mois de l'année et plus de 600 milliards sur l'ensemble de 2012. Il n'empêche que cette abondance de liquidités a un effet salvateur sur les conditions de crédit, qui va encore s'intensifier avec la baisse du coefficient de réserve obligatoire des banques qui passera de 2% à 1% le 18 janvier et la deuxième opération de refinancement à trois ans de la BCE programmée le 28 février.

Grave sujet de préoccupation

Les taux du marché monétaire n'ont cessé de se détendre depuis la dernière réunion de la BCE (voir graphique), de même que les rendements à plus long terme des pays les moins englués dans la crise de la dette. Ainsi l'Allemagne a emprunté, mercredi, 3,15 milliards d'euros à cinq ans à un taux historiquement bas de moins de 1%, à 0,90%. Mais c'est aussi autant d'argent qui n'est pas injecté dans l'économie. Un grave sujet de préoccupation pour la BCE qui a basé sa stratégie de prêteur en dernier ressort des banques, à défaut des États ? ce que les traités européens lui interdisent ? sur la spécificité européenne qui veut que les banques assurent 75% du financement de l'économie.

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