La BCE choisit l'arme verbale pour combattre l'inflation faible

Mario Draghi a insisté sur la détermination et l'unité de la BCE pour combattre la faiblesse de l'inflation. On en restera là pour cette fois.
Mario Draghi, président de la BCE, en reste aux menaces

Pour la BCE, il est donc toujours aussi urgent de ne rien faire. Aucune baisse des taux, aucune action non conventionnelle, aucune mesure nouvelle. Seule inflexion : une inflexion de parole. Dans son discours introductif, le président de l'institution de Francfort a indiqué que « le conseil des gouverneurs était unanime pour envisager aussi toute les mesures non conventionnelles nécessaire en cas de période prolongée de faible inflation. »

Message d'assouplissement

Le message est double. D'abord, l'assouplissement quantitatif (QE), l'impression massive de monnaie, n'est plus à exclure. Mario Draghi a, du reste, reconnu, que cette option avait été discutée dans le conseil, à la différence du mois dernier. Ces mesures sont donc clairement sur la table. Deuxième message : la Bundesbank allemande et ses alliés ne posent plus leur veto à cet assouplissement. Grosso modo, on savait déjà tout cela compte tenu des messages qui avaient été envoyés ces dernières semaines.

L'euro en baisse

Pour autant, la confirmation de cette option a donné un coup de faiblesse à l'euro qui, vers 16 heures était proche de 1,3715 dollar, contre 1,3776 mercredi soir. Mario Draghi peut donc espérer gagner une partie de son pari : faire chuter l'euro par la parole et la menace pour redonner un peu d'allant à l'inflation. Il est vrai que, verbalement, la BCE est montée d'un cran. Mais il faut se montrer prudent. Jusqu'ici, l'effet des paroles de Mario Draghi s'est montré limité sur le taux de change. Et sans effet durable, pas d'effet sur l'inflation.

Pas de panique…

D'autant que, pour le reste, Mario Draghi a été égal à lui-même, se voulant rassurant, puis inquiétant ; déterminé puis hésitant. Ainsi a-t-il tenté de désamorcer le mauvais chiffre de l'inflation en mars (0,5 % contre 0,7 % en avril) en rappelant que l'essentiel de la désinflation ( « 70 % ») était due à l'énergie et à l'alimentation, « éléments exogènes », que l'effet de base était responsable en partie de la baisse et que les Pâques était tardives cette année… Et comme il n'existe pas, selon lui, de risque de déflation, il n'y avait là pas de quoi intervenir.

… mais la situation est inquiétante

Pourtant, l'ancien gouverneur de la Banque d'Italie s'est montré inquiet de cette période de longue inflation faible qui pourrait freiner la reprise et rendre plus difficile le remboursement de la dette. Il s'est même montré parfois alarmiste : « Ma plus grande crainte est en fait déjà une réalité en partie. C'est celle d'une stagnation prolongée que nous voyons déjà. » Et pour cause : depuis novembre, la BCE promet cette longue période de faible inflation. Mario Draghi a aussi mis en relief la situation difficile de la zone euro : manque de dynamique du crédit, ajustement des bilans, fort chômage. Mais de là à agir…

Dans son discours introductif, Mario Draghi, a indiqué que les « anticipations d'inflation restaient bien ancrées. » Mais il admet, quelques minutes plus tard que le conseil des gouverneurs doit observer les effets du mauvais chiffre de mars sur ces anticipations, lesquelles en fait sur les marchés ont depuis quelques mois quitté largement le secteur des 2 % visés par la BCE…

La nature du QE encore problématique

Comme toujours depuis novembre dernier et la stratégie du « wait and see » (attendre et observer), Mario Draghi semble effrayé à l'idée d'aller plus avant dans les méthodes non conventionnelles. Il a ainsi prévenu que le « QE » en zone euro, en raison du poids des banques, serait plus difficile à mettre en place et plus risqué. Il a néanmoins donné quelques pistes, évoquant une « attention soutenue » accordée à la possibilité du taux d'intérêt négatif et la discussion « brève » autour du LTRO, l'apport de liquidité à long terme. Mais aussitôt, il a admis que les membres du conseil des gouverneurs ont une vision « assez différente » du QE. Bref, rien n'est vraiment décidé dans le détail et l'on comprend pourquoi on en reste à l'arme de la parole. Sera-ce suffisant ? Sans doute pas. D'ici quelques mois, une vraie action de la BCE semble inévitable. Mais le choix de cette action semble encore difficile à faire.

 

Commentaires 22
à écrit le 04/04/2014 à 18:27
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Qu'ils ne s’inquiètent pas trop. Il n'y a pas que la France qui en a ras la casquette. En mai la reconduction de certains semble compromise et avec ce changement il va y avoir un virage imposé à la BCE...

à écrit le 04/04/2014 à 12:43
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Notre gouvernement combat les déficits avec des mots, la BCE combat la déflation avec des mots, c'est beau la technologie. C'est ça l'heure du numérique ou au moins de l'alphanumérique.

le 04/04/2014 à 18:29
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Ca dépend pour Ségolène "la parole" c'est pas son fort quand elle ne conait pas les questions a l'avance et surtout quand c'est pas elle qui les donne à ces interlocuteurs. Et ça n'a pas du changer depuis sont tête a tête avec Sarkozy !

à écrit le 03/04/2014 à 22:47
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Depuis quand la stabilité des prix est-elle devenue 2%? Petit rappel de calcul élémentaire: 2% / an, c'est presque 50% d'inflation sur 20 ans...

le 03/04/2014 à 22:58
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La stabilité des prix à 0 % ou 2 % est une absurdité à croissance démographique soutenue donc hausse de la demande pour des ressources limitées.

le 04/04/2014 à 12:43
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C'est un objectif de la BCE.

à écrit le 03/04/2014 à 20:32
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sortir au plus vite de cette europe .

le 03/04/2014 à 20:42
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Ne pas confondre sortir de l'euro et sortir de l'Europe. Il faut conserver l'accès au marché européen mais quitter l'euro pour revenir au SME (Serpent Monétaire Européen). Les produits français sont surévalués (car en France à part le Luxe, on ne fai...

le 04/04/2014 à 12:46
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Et si on repasse au franc, cela va changer peut-être? Oui, plein de chose seront moins cher comme le salaires de francais, notre pouvoir d'achat hors de france mais plein d'autres augmenterons, le pétrole, notre dette (indexé en euros),... c'est bie...

à écrit le 03/04/2014 à 20:17
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la critique est toujours facile m'est l'art est difficile car personne veux de ce QE a par F H 100% sa serais bien plus de dette !!!!!!!et de nouveaux des tas d’emprunt ?

à écrit le 03/04/2014 à 18:39
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Le titre prête à sourire mais c'est la triste réalité: la BCE botte en touche!

à écrit le 03/04/2014 à 17:27
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réalité Francaise : pour 3 salariés : Bonjour, Ci-joint les bordereaux de charges du 1er trimestre 2014 de***** : URSSAF : vous serez prélevé de 8 574 € le 15/04/2014 IRP AUTO : vous serez prélevé de 2 687.49 € à compter du 15/...

le 04/04/2014 à 18:33
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Ça vas ça fait pas beaucoup pour trois personnes... Vous pourriez les augmenter !

à écrit le 03/04/2014 à 17:05
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La colère des populations va grondée .... quoique .... ignarent en économie !

le 03/04/2014 à 22:42
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ignare en orthographe toi tu es!

le 04/04/2014 à 12:49
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Moi j'aurai dit ignare en grammaire vu qu'il l'a conjugué.

à écrit le 03/04/2014 à 17:01
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Draghi se prend pour le directeur de la FED dont les propos sont écoutés religieusement, disséquées, commentés, évalués. Ce qui n'a pas empêche le patron de la FED d'avoir tout faux pendant la crise.

le 03/04/2014 à 18:37
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C'est normal les politiques sont des keynésiens convaincus en s'appuyant sur les banques centrales pour asseoir leur pouvoir.

le 03/04/2014 à 18:37
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C'est normal les politiques sont des keynésiens convaincus en s'appuyant sur les banques centrales pour asseoir leur pouvoir.

à écrit le 03/04/2014 à 17:00
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en résumé ! rien !

à écrit le 03/04/2014 à 16:57
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il est grand temps de faire baisser l'euro mario bros le banquier

à écrit le 03/04/2014 à 16:50
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Tout va bien en effet, il n'y a pas d'urgence, n'est-ce pas ? Ne rien faire permettra de faire monter un peu plus l'euro face au dollar que les yankees s'amusent, eux, à faire baisser pour mieux nous enfoncer.... Il est vrai que les technocrates euro...

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