Entré au son de "Donne moi une vie" de Yannick Noah et sorti sous le rap de Rost, l'ex-premier secrétaire du PS devait boire du petit lait en entendant ses partisans scander "François président, François président". Le candidat déclaré aux primaires socialistes tenait mercredi soir son premier meeting devant 900 personnes réunies au théâtre de Rutebeuf de Clichy-La Garenne, là même où était passé François Mitterrand avant sa victoire du 10 mai 1981.
François Hollande a d'ailleurs souligné devant ses partisans qu'il fallait "faire que 2012 soit une date dont on se souvienne comme 1981". Dans son long discours-programme, le député et président du Conseil général de Corrèze a fait le constat d'un "pays qui va mal" avec des familles aux "fins de mois impossibles à boucler", des "classes laborieuses qui subissent l'érosion du pouvoir d'achat" et le "sentiment que le pacte social s'est progressivement dilué". Ses priorités : jeunesse, éducation, logement et justice fiscale. Et ses propositions : contrat de génération, 500.000 places en crèches, nouvel acte de décentralisation, réforme fiscale, réflexion sur un nouveau mode de calcul du Smic prenant en compte la croissance, assises de la démocratie sociale, "démocratie écologique".
"confiance dans le progrès, la promotion, la réussite"
S'en prenant à Nicolas Sarkozy, le président des "divisions entre générations, entre religions" et "couleurs de peau", François Hollande insisté sur le fait qu'il voulait mettre "la France en avant", comme on pouvait le lire sur l'écran géant où figuraient des portraits de Français dans un décor sobre. Il a achevé son discours, avant un bain de foule, par une ode très applaudie au "rêve du Front populaire", celui du Conseil national de la résistance, "le rêve des alternances de 1981, 1988, de Lionel Jospin en 1997". Il faut "porter ce rêve français" par la "confiance dans le progrès, la promotion, la réussite", a-t-il lancé, pour que la "génération qui vient ait un avenir meilleur".
Il part trop tôt" jugent les strauss-kahniens
Le candidat Hollande creuse donc son sillon, tout en saluant le "double mérite de la cohérence et du sérieux" du projet du PS. "Il l'a voté, je revois son sourire quand il l'a voté", a glissé à des journalistes Martine Aubry mercredi, "absolument pas" dérangée que M. Hollande "fasse des meetings". Les strauss-kahniens ont ouvertement critiqué cette campagne démarrée avant le dépôt officiel des candidatures (28 juin-13 juillet) : "Pas le moment de montrer ses biceps" (Jean-Marie Le Guen), il "part trop tôt" (Jean-Christophe Cambadélis).
François Hollande rétorque, mezzo voce, qu'il veut prendre de la hauteur et ne souhaite "pas fatiguer les Français par des polémiques et des joutes récurrentes qui en définitive n'intéressent" pas grand monde. Mais il y a bien "des pressions" par les soutiens de DSK sur des proches de François Hollande, assure Stéphane Le Foll, qui sera lundi prochain du premier conseil politique de son poulain avec Michel Sapin ou André Vallini, présents au meeting.
Pour Manuel Valls, DSK est le seul à pouvoir éviter au PS de revivre un 21 avril
Toujours largement favori dans les sondages, le directeur général du FMI, tenu à la réserve, voit son avance sur l'élu corrézien se réduire un peu. Mais Manuel Valls, qui s'est rangé sous la bannière de DSK, ne croit "pas que François Hollande monte" : "C'est pas parce que c'est écrit que c'est vrai". Candidat déclaré à la primaire depuis plusieurs mois, le député-maire d'Evry estime que Dominique Strauss-Kahn est "incontestablement le mieux placé, pas seulement pour gagner l'élection présidentielle mais pour éviter un 21 avril", avec un duel entre Nicolas Sarkozy et la candidate du Front national, Marine le Pen, au second tour. "Dans les enquêtes d'opinion, ni François Hollande, ni Martine Aubry ni les autres, à part Dominique Strauss-Kahn, ne semblent certains de se qualifier pour le deuxième tour" a insisté ce jeudi matin, Manuel Valls.
Invité jeudi matin sur Europe 1, François Hollande a déclaré qu'il n'avait "aucun rendez-vous prévu" avec Dominique Strauss-Kahn cette semaine en France. "La seule place que je revendique, c'est d'être le candidat socialiste au premier tour de l'élection présidentielle", a-t-il observé, ajoutant qu'au terme de la primaire, tous les socialistes se rassembleraient derrière celui ou celle qui sera désigné.