Quelles marges de manoeuvre pour le PS en 2012 ?

Quelles seront les marges de manoeuvre disponibles en 2012 ? Même réduit dans ses ambitions, le projet socialiste sera-t-il finançable ? Jusqu'où aller dans la réforme fiscale ? Ces questions agitent le PS, notamment les plus sociaux-démocrates des socialistes.
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Quelles marges de manoeuvre pour un gouvernement socialiste, en cas de victoire de la gauche en 2012 ? Cette question a toutes les chances d'alimenter les débats internes au PS au cours des mois à venir. Elle a été au coeur des confrontations organisées récemment à Strasbourg par le "think tank" Terra Nova. La discussion est habituelle, entre des experts, hauts fonctionnaires (les "technos"), toujours prompts, notamment quand ils viennent de Bercy, à réduire le champ des possibles, et les politiques, contraints d'afficher un certain volontarisme. Mais elle prend aujourd'hui une acuité nouvelle. "On peut toujours s'interroger sur la nécessaire revalorisation de la formation, sur tel ou tel nouveau droit à conquérir, la vérité, c'est que nous risquons de devoir faire face, très bientôt, à une nouvelle crise financière, d'ampleur dramatique" a ainsi lancé Michel Rocard. "Dans ces conditions, il faut surtout réfléchir, avant toute chose, aux moyens de parer cette situation. Le prochain gouvernement sera suffisamment occupé à cela."

Quand François Hollande, confronté à Dominique de Villepin, évoque la faiblesse des marges de manoeuvre, en 2012, il s'attire cette question du président de Terra Nova, Olivier Ferrand : "Mais ne doit-on pas dire, plutôt, qu'il n'y aura aucune marge de manoeuvre, quand des experts évoquent une réduction nécessaire de 70 milliards du déficit public ?"

Et le candidat à la primaire socialiste de rétorquer mi-sérieux, mi-amusé : "Est-ce la meilleure base pour partir en campagne électorale ? Il me paraît difficile de mener campagne sur ce thème." Faut-il alors oublier le redressement des finances publiques ? Faire "comme si" il n'y avait pas de sujet ? François Hollande ne dit pas cela ouvertement. Il évoque la réforme fiscale, sa priorité, et les économies que pourrait amener une nouvelle phase de décentralisation. Il reprend là un message de Jean-Pierre Raffarin, qui avait pour coutume d'associer décentralisation et réduction des dépenses, alors que l'expérience enseigne plutôt le contraire.

 

Le projet socialiste, qui prévoit seulement 5 milliards de dépenses nouvelles chaque année sur la durée d'un quinquennat, peut difficilement aller en deçà. À moins d'admettre qu'aucune priorité n'est plus finançable... Les socialistes, qui assurent vouloir ramener le déficit public à 3 % du PIB avant 2017 (contre 5,7 % prévus pour 2011), ont fondé leur projet sur une hypothèse de croissance de 2,5 %, dont la plupart des experts doutent.

Autrement dit, même le financement des 5 petits milliards par an n'est pas acquis, les recettes fiscales risquant de ne pas être au rendez-vous. Comment assurer, dans ces conditions, le redressement des comptes publics ? La question des marges de manoeuvre qu'il est envisageable de retrouver sera donc au coeur de la campagne.

Retrouver les moyens de financer ce projet passerait par des réformes radicales de la sphère publique, mettant en cause des situations acquises. Le PS y est-il prêt ? Un futur gouvernement s'attaquera-t-il à la question des dépenses sociales et de leur financement ?

Au-delà de la problématique du déficit, c'est donc celle de la réforme qui est posée. Comment, à quelles conditions réformer ? À gauche, la tentation du grand soir existe toujours. À preuve, les propositions fiscales radicales de l'économiste Thomas Piketty, qui ont reçu beaucoup d'écho : la CSG absorberait l'impôt sur le revenu, la totalité des niches fiscales disparaissant du même coup, et le taux maximal d'imposition, sur cette base très large, grimperait à 60 %. "Cette réforme est intéressante, c'est celle qu'il faudrait faire, car elle serait juste, mais c'est rigoureusement impossible", estime Michel Rocard. Et l'ancien Premier ministre d'affirmer que deux seules grandes innovations fiscales ont vu le jour depuis soixante ans : la TVA, portée non pas par un gouvernement, mais par des députés, et la... CSG, qu'il a su imposer, contre Bercy. "J'y ai perdu 12 points dans les sondages et sans doute la présidence de la République", affirme-t-il. Alors, en temps de crise... une réforme aussi ambitieuse... comment l'envisager ?

Selon Thomas Piketty, les situations de crise permettent de faire passer des réformes difficiles. Mais les gouvernants n'ont pas besoin de remonter à 1789, quand la question fiscale fut l'origine de la révolution, pour savoir que l'impôt est à manier avec précaution...

 

Commentaire 1
à écrit le 24/08/2011 à 13:57
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L'once d'or se rapproche de son maximum historique du 21 janvier 1980.N'est-il pas opportun pour la Banque de France de tirer parti de cette situation pour mettre sur le marché disons 250 tonnes d'or sur un total de près de 2500 tonnes?

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