Secteur de la construction : des valorisations toujours à la traîne

Les prises de bénéfices sur les valeurs technologiques ne bénéficient que marginalement aux valeurs des biens de construction. En repli respectifs de 19,6 %, 25,56 % et 17,42 % depuis le début de l'année, les valeurs Saint-Gobain, Lafarge et Ciments français se sont appréciées, jeudi, de 7,14 %, 0,06 % et 2,56 %, dans un volume étoffé.Plus qu'une soudaine révision à la baisse des fondamentaux, la sous-performance de ces titres, ces dernières semaines, s'explique largement par des réallocations de portefeuilles au profit de titres plus risqués, mais aussi plus rémunérateurs à court terme. Le secteur de la construction bénéficie pourtant en Europe et aux Etats-Unis d'une conjoncture, et notamment d'une demande privée, favorable, tandis que les programmes de restructurations mis en œuvre ces dernières années portent progressivement leurs fruits. L'amélioration des marges en témoigne. Dans ce contexte, les multiples des grandes valeurs françaises du secteur, dont les PER varient entre 9 et 12 pour 2000, sont faibles, notamment au regard des standards internationaux, comme l'italien Italcementi ou l'irlandais CRH.Par ailleurs, les raids respectivement lancés par Saint-Gobain et Lafarge sur les britanniques Meyer International et Blue Circle ont l'approbation des analystes. En plus des synergies attendues et l'accroissement de la taille critique du groupe, l'OPA du cimentier serait relutive, au cours de 420 pences par action, de près de 10 % sur le bénéfice par action de Lafarge, ce qui laisse une marge de manœuvre significative pour relever le prix de l'offre en cas de besoin. Même optimisme des observateurs sur l'opération de Saint-Gobain, qui pourrait alimenter la diminution de sa décote endémique.Seule incertitude, l'impact de ces opérations sur les structures financières des deux prédateurs. D'où la mise sous surveillance avec implication négative, initiée par les principales agences de notation, sur les notes de leurs dettes. " Tandis que Meyer est un groupe fortement générateur de liquidités et devrait dès lors améliorer la capacité de Saint-Gobain à générer des cash flows, son aptitude à s'acquitter du service de sa dette post-acquisition pourrait s'amoindrir ", préviennent les analystes de Moody's. Parallèlement, selon son homologue Standard and Poor's, " l'amélioration significative du profil opérationnel (de Lafarge dans le cadre de son OPA sur Blue Circle) ne compenserait probablement pas la détérioration de sa structure financière et impliquerait sans doute une baisse des notes à long et à court terme du groupe ".A ce titre, Lafarge vient de signer une ouverture de crédit et a émis pour 1,727 milliard d'euros d'obligations à option de remboursement en actions ou en numéraire, assorties de bons de souscription d'actions. Enfin, Saint-Gobain devrait se séparer de certains actifs non stratégiques. Deux types de financement de nature à limiter l'impact négatif des opérations sur les ratios financiers des groupes.Reste que les fondamentaux du secteur suffisent à justifier à eux seuls une meilleure valorisation, quelles que soient les issues des deux opérations en cours. De quoi bénéficier en premier lieu de réallocations de portefeuilles en cas de retournement de tendance et de moindre appétit pour le risque.
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