Les plans sociaux au coeur des défilés du 1er mai

Amertume et révolte contre les plans sociaux ont assombri les cortèges du 1er-Mai en France, où les leaders syndicaux, comme une partie de la gauche a pressé le gouvernement d'accentuer les mesures anti-licenciements. Venus de Danone, Marks & Spencer, AOM/Air Liberté, Moulinex, ou Valeo, des salariés visés par la récente vague de suppressions d'emplois ont pris la tête du défilé parisien et de plusieurs manifestations des villes concernées. Mais la mobilisation est restée mitigée, à Paris comme en province. "Salariés jetables, non, non, non, emplois durables, oui, oui, oui", ont scandé les manifestants, qui, sauf à Paris, ont souvent marché sous la pluie, constante d'un "printemps pourri" tant sur le plan météorologique que social. La poursuite de la baisse du chômage n'a pas atténué, semble-t-il, l'impact dans l'opinion des plans sociaux qui se succèdent depuis plusieurs semaines.Quatre syndicats - CGT, CFDT, FSU et Unsa - ont animé dans l'unité le principal défilé organisé dans l'après-midi à Paris où des milliers de manifestants ont défilé de la place de la République jusqu'à Nation, sous un soleil timide. Ils ont dénoncé les fermetures que "rien ne justifie, sinon la soif de profits jamais assouvie des actionnaires" en égrénant la liste des entreprises visées par les plans sociaux. Marchaient en tête des dirigeants syndicaux comme Bernard Thibault, Alain Olive (Unsa), Gérard Aschieri (FSU) et Michel Jalmain (CFDT). Seul ténor syndical à battre le pavé parisien, Bernard Thibault milite pour une mobilisation nationale à la fin du mois, lors du débat à l'Assemblée nationale sur les licenciements. La vague des plans sociaux n'a pas suffi à unir pour le moment les organisations syndicales, qui suivent leur stratégie respective. Ayant choisi de défiler à Lyon, Marc Blondel, secrétaire général de Force ouvrière, a justifié son cavalier seul par l'impossibilité de trouver des revendications communes avec la CGT, notamment. "Mon boulot, ce n'est pas de requinquer le Parti communiste", a-t-il dit dit. Il a par ailleurs dénoncé "le renouveau manifeste, en France, en ce moment, de l'assainissement économique au détriment des travailleurs". La CFTC, qui faisait également bande à part, a organisé un rassemblement national en présence de 4.000 personnes sur le thème de la formation professionnelle et manifesté de la Bourse au centre Pompidou. Son président, Alain Deleu, a dénoncé la logique des "salariés jetables".A Marseille, près de 8.000 personnes selon les organisateurs, 3.000 d'après la police, ont participé à un défilé du 1er mai placé sous le signe de la solidarité "des travailleurs et des peuples". Des salariés d'entreprises prévoyant de supprimer des postes de travail, dont AOM-Air Liberté et Marks & Spencer, se trouvaient dans le cortège. A Lesquin, dans le Nord, 800 personnes ont manifesté, en présence d'élus, dont la maire socialiste de Lille Martine Aubry. Des salariés ont exprimé leur "hargne" envers le patronat. A Caen, les salariés de l'usine Moulinex dont la fermeture a été annoncée jeudi dernier ont défilé dans l'amertume, visages graves, parfois sans le coeur de reprendre leur slogan: "Moulinex, on est pas des Kleenex".Au-delà du monde syndical, l'extrême gauche a haussé le ton à l'encontre de Lionel Jospin, qu'elle soupçonne de complaisance à l'égard du patronat en dépit des tensions ponctuelles avec Ernest-Antoine Seillière, président du Medef. "Je dirais 'Jospin, Seillière, même combat pour les travailleurs', si je faisais aujourd'hui campagne pour l'élection présidentielle de 2002", a ainsi déclaré mardi Arlette Laguiller, porte-parole de Lutte ouvrière.avec Reute
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