"Les survaleurs sont aujourd’hui le risque principal"

La Tribune.- La Bourse a-t-elle totalement pris en compte les amortissements anticipés de survaleurs ? François-Marie Wojcik.- Non, résolument non. Après la période d'inflation de la valeur des actifs débutée en 1997 jusqu'à ce qu'éclate la bulle en 2000, on a commencé à corriger dans les bilans les survaleurs les plus criantes. Mais il reste encore beaucoup à faire. La survaleur ou goodwill, ce n'est pas une opération comptable c'est d'abord une réalité. Cela correspond à la différence entre le prix payé pour une acquisition et la valeur comptable des fonds propres de celle-ci. Le traitement comptable de cette réalité intervient ensuite. Les pires excès ont été commis dans les télécoms, mais pas seulement, la distribution et l'industrie manufacturière ne seront donc pas exempts de brutale correction effectuée sur ces survaleurs. Alors que la conjoncture se montre plus incertaine on doit revenir à une mesure plus précise du risque. Et les survaleurs sont aujourd'hui le risque principal.Plus globalement, comment réagissez-vous aux sociétés dont le bilan est marqué par de fortes survaleurs ?Pour satisfaire aux canons de notre stratégie d'investissement, nous étudions toujours ce qui est en face des fonds propres. Evidemment si au lieu de cash ou d'immeubles on trouve de la survaleur c'est plus risqué et nous en tenons naturellement compte. De même la survaleur doit s'analyser intrinsèquement car elle traduit parfois une juste réalité si elle n'est pas que le reflet d'un prix chimérique basé sur des considérations spécieuses comme le prix à l'abonné ou la part de marché. Si les dettes d'un bilan sont adossées à des fonds propres qui recouvrent de larges survaleurs ceux-ci sont en partie fictifs et le bilan est fragilisé. Il faudra donc dans les mois qui viennent que de grands groupes rééquilibrent leu bilans en renforçant leurs fonds propres. Estimez-vous que le paiement des acquisitions en titres change la donne ?Le fait de payer en titre a pour effet de figer la survaleur. On reporte dans le temps la manifestation publique du surprix payé. Mais que le paiement ait lieu en cash ou en titre l'absorption du goodwill va entraîner une dilution pour les actionnaires même si le paiement en cash permet de constater plus facilement la destruction de valeur.Propos recueillis par Christophe Tricaud.
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