A quoi sert une banque centrale ?

Autant dire qu'entre le siège de la Fed, à Washington, et celui de la Banque Centrale Européenne, à Francfort, il y a bien davantage qu'un océan - même si la BCE décide jeudi, ce qui est tout à fait concevable, d'imiter la détente monétaire de la Fed.Il suffisait, pour s'en convaincre, d'observer le malaise manifeste du gouverneur de la Banque de France Jean-Claude Trichet et de son homologue allemand Ernst Welteke (tous deux membres du conseil des gouverneurs de la BCE), à l'écoute du ministre de l'Economie et des Finances Francis Mer, hier, à Berlin.De leur point de vue, le maître de Bercy n'était pas loin de l'hérésie. Il venait de proposer que de nouveaux critères viennent "affiner" le pacte de stabilité et de croissance de l'Union Européenne, parmi lesquels... l'emploi. "On ne peut renoncer à la discipline budgétaire," s'est aussitôt exclamé M. Welteke, sous le regard approbateur de M. Trichet. Gardiens de l'orthodoxie monétaire, ils auraient pu ajouter que l'hydre inflationniste menace toujours de renaître de ses cendres. L'inflation européenne n'affiche-t-elle pas un taux menaçant de 2,2% ?A la question de savoir où finit l'orthodoxie et où commence l'obstination, la Fed et la BCE ont semble-t-il deux façons différentes de répondre. Leurs positions, leurs économies, leurs histoires et leurs monnaies ne sont naturellement comparables que dans des proportions très limitées. Il n'empêche, le taux directeur de la BCE est aujourd'hui de 3,25%, près du double de celui de la Fed. La croissance européenne est pourtant au moins aussi chancelante, et le chômage bien plus élevé, qu'aux Etats-Unis.Relâcher hâtivement et maladroitement toute discipline serait assurément contre-productif. Mais avancer de manière raisonnée vers une grille de lecture de l'économie plus riche, plus variée, moins rigide, serait-ce à ce point dommageable ?Francis Mer ne semblait pas le penser, hier soir. Dans l'un des exercices dialectiques périlleux dont il semble désormais coutumier, il n'a pourtant pas tardé à affirmer qu'il n'avait proposé "aucun changement" au Pacte de Stabilité. L'audace n'était pourtant pas forcément si déplacée.
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