Réductions massives d'effectifs chez Fiat

Les dirigeants de Fiat, le plus emblématique groupe industriel italien, ont décidé la mise au chômage technique pour une durée d'un an de 7.600 employés. La première phase de ce plan social touchera en décembre 2002 quelque 5.000 ouvriers des chaînes de montage et 600 employés affectés à la fabrication de composants. En juillet 2003, une deuxième phase concernera 2.000 autres employés. D'autre part, le groupe a l'intention de redéployer quelque 500 salariés, préalablement à leur départ en retraite. Cela fera donc un total de 8.100 salariés concernés par ces décisions. En réaction à ces annonces, les syndicats ont appelé à une grève de quatre heures ce vendredi dans l'ensemble du groupe.Fiat a également demandé au gouvernement italien d'accorder un "statut de crise" à sa division Fiat Auto, ainsi qu'à sa filiale de machines-outils Comau et au fabricant de composants électriques et électroniques Magneti Marelli, confirme le groupe dans son communiqué. L'octroi du "statut de crise" constitue un préalable indispensable à la mise en place d'un programme "extraordinaire" aux termes duquel les employés concernés recevront des organismes nationaux d'aide sociale 80% de leur salaire pendant la durée de leur chômage temporaire.Ce sont les difficultés de Fiat Auto qui conduisent le groupe à ces mesures spectaculaires. Le constructeur (marques Fiat, Alfa Romeo, Lancia, Ferrari et Maserati) traverse une mauvaise passe. Sa part de marché sur son marché domestique est tombée à 28,7% contre 32,1% l'année dernière et le désamour des automobilistes pour Fiat ne se cantonne pas à l'Italie. Sur l'ensemble du marché européen, le constructeur éprouve des difficultés. Selon les derniers chiffres de l'ACEA, l'Association des constructeurs européens d'automobiles, Fiat Auto a vu sa part de marché s'effondrer de près de 20% d'une année sur l'autre. Confrontée à des pertes opérationnelles de 549 millions d'euros en 2001, la branche automobile de Fiat se devait de réagir. L'administrateur délégué du constructeur avait annoncé la couleur en indiquant qu'une réduction de 20% des surcapacités de production était nécessaire. Et ce alors même que Fiat Auto avait déjà supprimé 2.400 emplois cet été.En Italie, la journée a été rythmée par les mises en garde de différents membres du gouvernement quant à la teneur du plan de restructuration préparé par Fiat. Alors que les syndicats ont fait part de leurs craintes ces derniers jours, évoquant jusqu'à 8.000 suppressions de postes dans le pays et la fermeture au moins partielle des usines de Termini Imerese (Sicile) et d'Arese près de Milan, le numéro deux du gouvernement Berlusconi, Gianfranco Fini, a jugé "inacceptable" la "fermeture d'usines entières". Pour sa part, le ministre italien de l'Industrie, Antonio Marzano, a souligné que le gouvernement "demanderait à Fiat de s'engager avec un plan industriel sérieux et approfondi". Les difficultés de Fiat ont relancé les spéculations autour d'une cession de ce symbole de l'industrie italienne à l'américain General Motors. GM est actionnaire à hauteur de 20% de Fiat Auto et le groupe italien dispose d'une option de vente sur les 80% restants à partir de 2004. Cette éventuelle cession, que de nombreux observateurs jugent inévitable, rencontre l'hostilité des pouvoirs publics italiens. Le ministre de l'Industrie a été très clair aujourd'hui, affirmant que "le gouvernement souhaite qu'une entreprise automobile de cette taille et historiquement importante soit italienne". Le message a été entendu puisque Umberto Agnelli, le frère du président d'honneur de Fiat, Giovanni Agnelli, a concédé qu'il est "difficile" pour Fiat d'anticiper l'option de vente de Fiat Auto à l'allié américain avant la date prévue de 2004. Malgré tout, chez GM on se prépare à toute éventualité. Un porte-parole du constructeur américain cité samedi par le quotidien économique italien Il Sole 24 Ore indiquait que le groupe américain "mettait au point des analyses et documents préparatoires pour être prêt au cas où Fiat exercerait son droit de vente".
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