Manifestations monstres dans la France entière

Une imposante manifestation s'est ébranlée dans les rues de Paris, mercredi vers 15 heures, au nom du barrage à l'extrême droite lors du second tour de l'élection présidentielle, dimanche prochain. En milieu d'après-midi, l'affluence était telle, aux environs de la place de la République, point de départ officiel de la manifestation, que le cortège était quasiment paralysé. Le défilé parisien devait être le couronnement de la journée de mobilisation contre Jean-Marie Le Pen. Mercredi matin, de très nombreuses manifestations avaient rassemblé un nombre record de participants - évalué par le ministère de l'Intérieur à 900.000 personnes - dans la France entière.La Front National, pour sa part, a manifesté sans incident à Paris. S'exprimant place de l'Opéra, son leader a appelé les électeurs de gauche à voter pour lui dimanche prochain et s'est livré à de très violentes attaques contre Jacques Chirac.Manifestation parisienne. Les participants à cette manifestation "pour le progrès social" et "faire barrage à l'extrême droite" devaient se rendre de la place de la République à la place de la Nation. L'ensemble des syndicats (CGT, CFDT, UNSA, FSU), à l'exception de FO et de la CGC, ont appelé à manifester "pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen" et pour les droits sociaux. Un appel auquel se sont joints de très nombreuses associations et partis politiques de gauche. Principaux absents : les partis de la droite parlementaire, alors même qu'un des principaux mots d'ordre était d'appeler à voter Jacques Chirac .Vers 17 heures, le ministère de l'Intérieur évaluait à 400.000 personnes le nombre de manifestants rassemblés autour de la place de la République. La foule paralysait l'ensemble du quartier République Bastille, obligeant à la scission de la manifestation en trois itinéraires différents. Des ballons et des banderoles, proclamant "non au racisme", ponctuaient le rassemblement composé de manifestants souvent venus en famille, dans une ambiance bon enfant. Certains T-shirts arboraient "Va voter !" et des insignes "Touche pas à mon pote". Des affiches montraient une photo de Jean-Marie Le Pen rayée d'une croix rouge avec ces mots: "Il faut lui barrer la route".Records d'affluence en province. Hors de la capitale, des manifestations d'une ampleur exceptionnelle ont eu lieu dans la matinée, dans une cinquantaine de villes. Les cortèges ont rassemblé 50.000 personnes à Lyon et Grenoble, 40.000 à Bordeaux, 35.000 à Toulouse, 30.000 à Nantes et Marseille, 25.000 à Tours, 20.000 à Caen. A Rennes, les 20.000 manifestants ont constitué le plus grand rassemblement jamais recensé dans la ville. Aucun incident grave n'est venu les perturber.Cette affluence était très supérieure aux années précédentes, dans la continuité de la forte mobilisation notée dans toute la France la semaine passée, et témoignait de l'impact du premier tour de l'élection présidentielle. L'an passé, en effet, les cortèges du 1er mai en province n'avaient rassemblé que quelques milliers de personnes. A Paris, les organisations syndicales en avaient mobilisé moins de 20.000. Le Front National à Paris. Les partisans de Jean-Marie Le Pen ont eux aussi montré leur mobilisation place de l'Opéra. Ils étaient de 8.000 à 10.000, soit trois fois plus que lors du 1er mai 2001 (3.000 personnes), selon les chiffres de la police. Les organisateurs en ont revendiqué pour leur part entre 40 et 150.000. Les manifestants ont suivi leur leader jusqu'à la place des Pyramides où il a déposé une gerbe de fleurs au pied de la statue de Jeanne d'Arc, avant de se rendre place de l'Opéra. Les troupes du FN criaient "Le Pen président", "Nous ne sommes pas des enfants d'immigrés" et "Le Pen à l'Elysée, Chirac à la Santé". Jean-Marie Le Pen a prononcé une longue allocution, durant laquelle il a lancé un appel à l'électorat de gauche: "Qui que vous soyez, quel qu'ait été votre vote au premier tour, ouvrez les yeux, ne vous laissez pas aveugler par les mensonges et par les campagnes hystériques. Vous qui avez voté à gauche, n'acceptez pas d'aller voter en vous bouchant le nez", a-t-il poursuivi en faisant allusion au vote républicain pour Jacques Chirac. "Vous devez voter pour moi et rejoindre la grande masse du peuple français", a ajouté le leader frontiste. Un important dispositif policier avait été mis en place afin d'éviter tout dérapage et prévenir tout contact avec la centaine de manifestants rassemblés au Pont du Carrousel pour commémorer la mort de Brahim Bouarram, un Marocain mort noyé dans la Seine le 1er Mai 1995, après y avoir été poussé par des skinheads sortis d'un cortège frontiste. M. Le Pen a également évoqué "la victoire" de dimanche prochain. "Il nous reste quatre jours pour gagner la bataille de France", a-t-il déclaré. "Haut les coeurs, nous pouvons gagner dimanche car nous avons la foi et l'amour de la patrie avec nous", a ajouté le président du FN. Celui-ci s'en est longuement pris à Jacques Chirac. "Le candidat sortant, c'est le parrain des clans qui mettent le pays en coupe réglée depuis deux décennies et qui s'offrent la belle vie avec l'argent des Français", a-t-il déclaré. "Ce n'est pas moi qui fait honte à la France à l'étranger. C'est Chirac qui salit l'image de la France, c'est Chirac qui fait monter la honte au front des citoyens de ce pays", a ajouté M. Le Pen, affirmant que le président sortant veut être élu "pour échapper aux juges". "Si l''établissement' le soutient avec une telle ferveur, c'est parce que l''établissement' ne tient que par la corruption", a encore déclaré Jean-Marie Le Pen. "Aujourd'hui, il y a deux camps en France, celui de l'occupation et le nôtre, celui de la libération", a-t-il encore déclaré. "Ils se coalisent tous pour continuer" à garder le pouvoir, "c'est-à-dire à s'entendre sur notre dos, quitte à s'étriper ensuite pour le partage du butin".
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.