Victoire sur le fil pour le chancelier Schröder

Gerhard Schröder, le chancelier sortant, retrouve son siège à l'issue des élections générales allemandes: c'est la conclusion d'un suspense qui aura duré toute la nuit, tant les scores des deux grands partis en lice se sont avérés serrés. Selon les résultats officiels provisoires publiés ce matin, le Parti social-démocrate (SPD) de Gerhard Schröder et ses alliés Verts ont remporté les élections législatives, devançant l'opposition conservatrice d'Edmund Stoiber et les libéraux du FDP. Le SPD et la CDU-CSU sont à égalité avec 38,5% des voix, soit un recul de 2,4 points pour les sociaux-démocrates par rapport à 1998 (40,9%) et une progression de 3,4 points pour la démocratie-chrétienne. L'effritement du SPD est compensé par les gains des Verts, qui enregistrent le meilleur score de leur histoire, avec 8,6%, soit un gain de 1,9 point. Quant au FDP, il progresse certes de 6,2 à 7,4%, mais moins qu'espéré et, surtout, il reste derrière les Verts, contrairement à son objectif affiché. Enfin, les néo-communistes du PDS, héritiers du Parti communiste de l'ex-RDA, n'ont plus de groupe parlementaire pour la première fois depuis la réunification allemande en 1990. En définitive, le chancelier sortant conserve donc la majorité au Bundestag, mais avec une avance de onze sièges seulement. Au terme du scrutin le plus serré de l'histoire de la République fédérale, le gouvernement sortant SPD-Verts disposera de 306 sièges de députés sur un total de 603, onze de plus que les 295 de l'opposition démocrate-chrétienne CDU-CSU alliée aux libéraux. Dans ces conditions, le chancelier se garde bien de crier victoire. Commentant les résultats, il a mis en garde ses militants: "Nous avons des temps difficiles devant nous". Gerhard Schröder venait de rencontrer son ministre des Affaires étrangères, le Vert Joschka Fischer, avec qui il va reconduire sa coalition. Ce dernier a affirmé que "l'excellente coopération des dernières années" va être poursuivie. Côté CDU, la déception est d'autant plus sévère que, dimanche en fin d'après-midi, Edmund Stoiber avait cru pouvoir affirmer qu'il avait "gagné les élections", sous les ovations des militants de l'Union-chrétienne démocrate (CDU) au siège du parti à Berlin. Mais lundi matin, il a bien fallu se résigner: "Nous avons perdu les élections", a reconnu le président du groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag, Friedrich Merz, en prédisant une législature "extrêmement difficile" pour le Parti social-démocrate et les Verts. Vainqueurs et vaincus semblent ainsi d'accord sur un point: le deuxième mandat de Gerhard Schröder ne s'annonce pas comme une partie de plaisir. Le problème le plus immédiat risque d'être celui des relations avec les Etats-Unis dans la perspective de l'affrontement avec l'Irak. Le chancelier sortant a adopté une position très dure vis à vis de Washington, rejettant toute possibilité de soutien aux Etats-Unis dans le cadre d'un conflit en Irak, et cela même dans l'hypothèse où l'ONU approuverait une telle opération. Une attitude rentable sur le plan électoral, mais qui risque d'être bien difficile à tenir dans les semaines qui viennent: depuis la fin de la Deuxième guerre, jamais l'Allemagne ne s'est retrouvée ainsi complètement isolée de son allié américain. La réélection de Gerhard Schröder a d'ailleurs été accueillie de façon particulièrement glaciale par le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, qui a accusé lundi le chancelier d'avoir "empoisonné les relations germano-américaines" durant sa campagne électorale. Le chancelier va par ailleurs devoir affronter des problèmes de fond concernant l'économie et la société allemandes. La première économie de la zone euro est en effet confrontée à des finances publiques exsangues et risque de ne pas respecter en 2002 et 2003 les critères du Pacte de stabilité du Traité de Maastricht. C'est ce qu'a répété ce matin le chef économiste de la banque centrale allemande, la Bundesbank, qui a affirmé que "le risque de voir cette limite (les 3% de déficit autorisés, NDLR) dépassée cette année s'est accru". Alors que Gerhard Schröder s'était engagé au début de l'année à revenir à une situation proche de l'équilibre budgétaire en 2004, à condition toutefois d'atteindre un taux de croissance d'au moins 2,5% en 2003 et 2004, la Bundesbank ne paraît pas très optimiste. Selon son chef économiste, des "doutes" subsistent quant à la capacité du gouvernement "à remplir son engagement renouvelé en début d'année d'un retour à un quasi-équilibre des finances publiques d'ici 2004, si des coupes supplémentaires dans les dépenses publiques ne sont pas réalisées". Simultanément, le pays a un urgent besoin de réformes profondes dans des domaines comme le marché du travail, dont les rigidités et les coûts sont généralement dénonçés comme responsables de la mauvaise situation de l'emploi. Le fonctionnement du système de santé, des retraites et de l'éducation a également été mis en cause durant cette campagne électorale. Autant de problèmes de fond que le chancelier aura bien du mal à affronter avec la majorité réduite qui lui est donnée aujourd'hui.Après une ouverture hésitante, la Bourse de Francfort chute franchement. En fin d'après-midi, elle perd 4,5%.
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