Coca, Attac, même combat ?

A bas la dictature du court terme, la tyrannie des marchés, la myopie des investisseurs boursiers ! Le discours, souvent entendu à Gênes ou dans la bouche de José Bové, ne laisse pas d'étonner sous la plume des dirigeants de Coca-Cola. Le numéro un mondial des sodas a jeté vendredi un sacré pavé dans la mare à Wall Street en annonçant son intention de cesser de publier toute prévision de résultats trimestriels ou annuels. C'est-à-dire ne plus sacrifier au rite de la "guidance", la bonne parole du management écoutée religieusement par les analystes pour établir leurs propres estimations. Raison invoquée : établir ces prévisions empêche de se concentrer sur ce qui importe le plus, les objectifs de long terme et les initiatives stratégiques. La bravade a valeur de symbole. Qui mieux que la firme d'Atlanta saurait incarner le mythe de l'Amérique capitaliste conquérante, dans toute sa splendeur triomphante ? Le logo blanc enrubanné sur fond rouge est au moins aussi mondialement connu que le Ronald Mac Donald honni par les anti-mondialisation. Aussi les commentaires du président d'Attac, Jacques Nikonnoff, se réjouissant de l'initiative de Coca sur l'air du "tout ce qui contribue à réduire le court-termisme des investisseurs est bon" ont-ils de quoi faire sourire. L'anecdote est d'autant plus savoureuse que la décision de Coke a été prise sur les conseils avisés et pressants du milliardaire Warren Buffet, "l'homme qui a gagné 200 milliards grâce aux krachs boursiers", véritable gourou à Wall Street où on le surnomme volontiers "le sage d'Omaha", la capitale du Nebraska où il vit. Warren Buffet qui se trouve être administrateur de Coca mais aussi de Gillette, qu'il avait déjà converti à l'abandon des prévisions en janvier 2001. Très écouté, Buffet fera-t-il école ? Mais les temps ont bien changé en deux ans. Coca-Cola prend aujourd'hui le risque d'être taxé d'opacité dans un marché complètement déboussolé depuis les scandales Enron et consorts. Toutefois, de ce côté de l'Atlantique, c'est l'allemand Porsche qui avait joué les insoumis en défiant le Dax de le retirer de son indice parce qu'il refusait de publier des comptes trimestriels. Le constructeur de voitures de sport avait fait le pari que ses profits rutilants suffiraient à séduire les investisseurs. Un coup de bluff apparemment réussi : le titre a gagné 4% depuis un an, alors que le Dax a plongé de 40%...
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.