Les résultats trimestriels d'Alcatel étaient très attendus. La semaine dernière, son concurrent Lucent a dû revoir à la baisse ses prévisions de chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'exercice 2003 (lire ci-contre) et les milieux financiers s'interrogent sur la capacité du groupe français à tenir ses engagements. D'autant qu'au premier trimestre, le chiffre d'affaires d'Alcatel ressort inférieur aux prévisions du groupe émises en février. A l'époque, la direction d'Alcatel tablait sur des ventes en baisse de 25 à 30%. Mais finalement, le chiffre d'affaires recule de 31,1% à 2,96 milliards d'euros. Une contre-performance que le groupe explique par "l'impact significatif de l'évolution des taux de change".Malgré ces ventes décevantes, Alcatel affiche un résultat opérationnel en nette amélioration. La perte d'exploitation est réduite de plus de moitié à 161 millions d'euros et la marge brute remonte à 29,7%, à comparer à 25,2% au premier trimestre 2002 et à 27,3% au quatrième trimestre 2002. Alcatel souligne dans son communiqué que ses coûts fixes ont diminué de 30%. Au final, le premier trimestre 2003 se solde par une perte nette de 461 millions d'euros, après un déficit de 836 millions d'euros à la même époque de l'an dernier.Concernant la suite de l'exercice, Alcatel indique que par rapport au trimestre écoulé, les ventes pour la période allant d'avril à juin devraient afficher une "croissance à un chiffre" et les pertes opérationnelles diminuer "pour leur part substantiellement". Pour la totalité de l'exercice, Serge Tchuruk se déclare confiant dans la capacité du groupe à "atteindre l'équilibre du résultat opérationnel pour l'ensemble de l'année 2003. Avant la fin de l'année, nous devrions également atteindre l'équilibre au niveau du résultat net avant goodwill et hors éléments exceptionnels, avec une dette nette à la fin de l'année 2003 comparable à celle de fin 2002". Ces objectifs devront être tenus dans un marché encore difficile. Le PDG d'Alcatel note que "le marché des opérateurs de télécommunications continue à être peu actif et l'environnement économique et géopolitique pourrait dégrader de quelques points les 15% de baisse (en euros) que nous avions prévus antérieurement pour 2003. Le marché hors opérateurs devrait mieux résister, mais pour les mêmes raisons, pourrait être quelques points au-dessous de la stagnation anticipée. Dans l'ensemble, nous continuons de penser que le marché dans la seconde moitié de 2003 devrait être comparable à celui de l'an dernier, à taux de change constant, la première moitié de l'année absorbant la totalité du déclin d'une année sur l'autre".Au premier trimestre, par segment d'activité, la division "Communications fixes" a vu ses ventes chuter de plus de 34% à 1,31 milliard d'euros pour une perte opérationnelle de 105 millions d'euros. Le segment "Communications mobiles" a vu son chiffre d'affaires fondre de 37,8% à 798 millions d'euros pour un bénéfice opérationnel de 15 millions de d'euros, en baisse de 88% en rythme séquentiel. L'activité de cette branche a été pénalisée par les retards technologiques d'Alcatel sur les téléphones portables et notamment le fait que le groupe ne propose pas dans sa gamme d'écrans couleur. Enfin dans la division "Communications privées", le chiffre d'affaires est en repli de 28,4% à 952 millions d'euros. Alcatel explique ce recul par une "diminution significative des ventes de l'activité spatiale". Concernant justement le spatial, Serge Tchuruk, a confirmé que l'Etat français poussait à des rapprochements dans ce secteur et déclaré penser qu'il y aurait des discussions entre opérateurs de satellites. Tout en soulignant qu'Alcatel ne souhaitait pas se désengager de cette activité, il a reconnu que la réorganisation du secteur des satellites en France allait être un sujet "à l'ordre du jour" mais que les discussions en vue d'un rapprochement entre Astrium, filiale d'EADS, et Alcatel Space n'avaient "pas vraiment commencé". Une fusion éventuelle des activités d'Astrium et d'Alcatel Space donnerait naissance au numéro deux ou trois mondial du secteur, derrière les américains Boeing, leader mondial, Loral Space et Lockheed Martin pour lesquels des rumeurs de rapprochement circulent également. A la Bourse de Paris en clôture, l'action Alcatel termine la séance sur une hausse de 2,63% à 7,41 euros, effaçant une partie de ses pertes de ces derniers jours.

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:36

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