Le parquet présente l'adition à Mikhail Khodorkovski. Le procureur général de Moscou a indiqué jeudi que l'instruction était close contre l'ancien patron du consortium pétrolier Ioukos. Onze charges sont retenues contre lui. Au dernier moment, le parquet a ajouté une dernière accusation portant sur le détournement en 2000 de 2,8 millions d'euros lors d'une vente d'engrais par Ioukos. Pour cette simple affaire, Mikhail Khodorkovski risque dix ans de prison et la réquisition de ses biens.On entre désormais dans une nouvelle phase de l'instruction. Le procès de Mikhail Khodorkovski pourra en effet avoir lieu aussitôt que ses avocats auront achevé l'étude de son dossier complet. Un travail titanesque, car ledit dossier comprend 200 volumes et 40.000 pages. De l'avis de chacun, cette étude pourrait donc bien prendre plusieurs mois. A titre d'exemple, l'étude du dossier Platon Lebedev (le banquier de Mikhail Khodorkovski arrêté le 4 juillet dernier) n'est toujours pas achevée par la défense. Une chose est donc sûre : Vladimir Poutine peut dormir tranquille, l'ex-patron de Ioukos ne sortira pas de prison avant les élections législatives du 7 décembre prochain. Parallèlement, l'enquête concernant un autre ex-dirigeant de Ioukos a été achevée. L'ancien sénateur et président de Ioukos Moscou Vassili Chakhnovski est accusé de fraude fiscale et de faux en écritures. Son procès devrait intervenir plus rapidement, car le dossier est moins complexe. Chakhnovski, qui a pourtant déjà payé ses dettes fiscales pour 53 millions de dollars, risque cinq ans de prison. Il est vrai qu'il a été au Sénat russe un des plus farouches opposants du Kremlin. Pendant ce temps, les affaires continuent. Demain, la première assemblée générale de IoukosSibneft doit se réunir, élire son conseil d'administration et voter un dividende exceptionnel de 2 milliards de dollars. Un dividende qui devrait tomber dans l'escarcelle de deux des plus importants actionnaires du nouveau groupe, Roman Abramovitch et... Mikhail Khodorkovski. Malgré le gel de sa participation, ce dernier a en effet encore droit au dividende. De son côté, le Kremlin continue d'envoyer des signes positifs. Le gouvernement a ainsi annoncé sa volonté de céder encore 7% de Loukoil, le deuxième pétrolier russe, sur le marché londonien. Il a également fait savoir qu'il pourrait céder au public 25% de la compagnie de télécoms Sviazinvest à la fin de l'année. Autant de signes qui devraient rassurer les investisseurs étrangers. D'autant que, selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), la croissance russe ne devrait pas être touchée par l'affaire Ioukos. La Berd prévoit ainsi une croissance annuelle en 2003 de 6,2%, "voire plus proche de 6,5% si les derniers indicateurs économiques sont confirmés".

latribune.fr

20 Oct 2008, 1:02

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