Executive Life à la case départ

La négociation est un art. Ceux qui en doutaient encore peuvent, pour s'en convaincre, porter leur attention sur le dossier Executive Life. Voilà une affaire qui aurait pu se solder, dit-on, par un accord de quelques dizaines millions de dollars il y a quelques années. Au final, la facture sera beaucoup plus lourde. 585 millions pour le Crédit Lyonnais, le CDR et la Maaf. Sans compter François Pinault qui discutait encore d'arrache-pied la nuit dernière avec le parquet fédéral à Los Angeles. Rarement une négociation aura connu autant de hauts et de bas. On ne compte plus le nombre de fois où les protagonistes affirmaient être à deux doigts d'aboutir, et le nombre de fois où tout a été remis en cause. Le plus souvent à la dernière minute. D'ailleurs, c'est bien simple, lassée de fixer des "deadlines" pour ensuite les repousser, la justice américaine a décidé purement et simplement d'arrêter la montre. Accord global ou pas, pour le Crédit Lyonnais, le CDR et la Maaf les dernières semaines n'auront fondamentalement pas changé la donne. Hormis la réécriture de quelques points, le texte qu'on leur propose de signer est le même que début septembre. Et la facture ne s'est pas alourdie.Le principal enseignement de ces dernières semaines, en définitive, est une simple et presque banale leçon de stratégie - l'élément crucial qui aura si longtemps fait défaut au camp français. Contrairement au procureur qui était en charge du dossier, les parties françaises, trop longtemps divisées, ne savaient pas trop où elles voulaient aboutir. Donnant même, un temps, le sentiment que pour elles le principal objectif était de parvenir à un accord à tout prix. Un engrenage dans lequel François Pinault, à son corps défendant, a finalement été pris. "Nous n'avons pas peur d'un procès", a cru pouvoir affirmer dimanche le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur Europe 1. Pourtant, toute l'attitude du "camp français" comme on dit maintenant à Los Angeles, a longtemps laissé croire le contraire. Faute d'une stratégie bien arrêtée, le rapport de forces a, hélas, très vite basculé du mauvais côté. Les magistrats américains ont su en tirer tout le bénéfice.
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