Le retour du libéralisme d'Etat

On connaît Denis Kessler. L'ancien numéro deux du Medef et patron de la Fédération française des sociétés d'assurance, brillant théoricien libéral, s'est attelé à une tâche délicate : le redressement de Scor. Ce réassureur, comme d'autres, connaît bien des difficultés. Les attentats du 11 septembre, les multiples catastrophes de ces dernières années ont coûté cher à cet acteur de taille moyenne. Bilan : les comptes ont sombré dans le rouge, il a fallu procéder dans l'urgence à une augmentation de capital et essayer de rassurer sur sa solidité financière. Appelé à la rescousse, Denis Kessler s'est lancé avec ardeur dans cette mission, sa deuxième expérience de l'entreprise après un court passage chez Axa. Or, il semble bien que tout cela ne suffise pas. Les agences de notation sont toujours sceptiques et quelques opérations stratégiques (ouverture du capital de la réassurance-vie; cession de la filiale bermudienne) ne sont toujours pas bouclées. Bref, Scor a encore besoin d'argent. La compagnie n'est pas la seule. Récémment, France Télécom ou encore Alstom se sont trouvés dans la même situation. Même problème, même solution ? Visiblement, l'idée de voir l'Etat venir à la rescousse de Scor fait petit à petit son chemin. Comment ? En faisant intervenir la CCR, un réassureur propriété de l'Etat, voire la CNP, la compagnie d'assurance-vie dont une partie du capital est détenue par la Caisse des dépôts et la Poste, deux entreprises publiques. Bref, se dirige-t-on tout droit vers un nouveau sauvetage d'Etat ? Après tout, pourquoi pas si la place financière française ne peut pas se priver d'un réassureur national (ce qui reste à prouver...)? Mais il n'empêche que voir Denis Kessler se tourner vers les pouvoirs publics (ou des entreprises publiques, ce qui revient au même) ne serait pas peu paradoxal. Si tel devait être le cas, on attend avec impatience les arguments que ce talentueux défenseur de l'entreprise développera à Bruxelles pour convaincre une Commission qui ne rate pas une occasion de donner depuis quelques temps des leçons de libéralisme économique au gouvernement français.
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