Le président de Ioukos propose un marché au Kremlin

Les actionnaires de Ioukos jouent leur va-tout. Dans une interview accordée à l'agence russe Interfax, le président actuel du groupe pétrolier, Leonid Nevzlin, a indiqué qu'il avait fait une offre peu commune à L'Etat russe. En échange de la libération du fondateur de Ioukos, Mikhail Khodorkovski, et de son banquier Platon Lebedev, les actionnaires du groupe accepteraient de vendre leurs actions. En bref, Leonid Nevzlin propose la libération des deux dirigeants contre une nationalisation de fait de Ioukos. Apparemment, le nouveau président du pétrolier russe, nationalisé israélien depuis peu, est prêt à faire des concessions sur le prix. "Le prix n'a pas d'importance, les personnes en ont en revanche", a-t-il affirmé. Actuellement, les parts des principaux actionnaires de Ioukos sont estimées à 15 milliards de dollars. Par ailleurs, autre concession de poids, le groupe a annoncé dimanche, que Mikhail Khodorkovski n'était plus actionnaire de Menatep, la banque basée à Gibraltar qui détient la majorité dans Ioukos. Pour le moment, le Kremlin n'a pas réagi à cette offre qui, selon Leonid Nevzlin a été faite voici une semaine. Il est vrai qu'à quelques semaines des élections présidentielles, Vladimir Poutine ne souhaite sans doute pas intervenir dans le "débat judiciaire" autour de Ioukos. Reste que cette offre illustre la victoire du président russe contre Mikhail Khodorkovski. Ce dernier ne semble plus désormais déterminer qu'à arracher sa liberté. La volonté de combattre qui était la sienne après son arrestation musclée du 25 novembre dernier a entièrement disparu. Et pour cause: Ioukos a été très fortement touché par cette affaire. Après avoir gelé les parts de la holding de Khodorkovski, le Kremlin a isolé ce dernier parmi les oligarques dont beaucoup se sont ralliés à la politique de Vladimir Poutine ou sont entrés dans une obscure neutralité. Ainsi, Roman Abramovitch a mis fin à la fusion de son groupe Sibneft avec Ioukos.Le groupe pétrolier, jadis tout-puissant, est alors devenu plus que fragile. L'action a perdu 19% depuis fin novembre à Moscou. Menacé de se voir retirer ses droits de forages et de prospections, Ioukos s'est également vu réclamer 3,4 milliards de dollars d'arriérés fiscaux. Du coup, le groupe, paralysé, s'est fait dépasser par le très pro-Kremlin Loukoil, comme premier producteur de pétrole russe le mois dernier. Désormais donc, Vladimir Poutine est parvenu à effacer Mikhail Khodorkovski de la scène politique russe. Il tient entre ses mains le sort du secteur pétrolier, la vache à lait de la croissance russe. Il est notamment désormais libre de relever les taxes sur le secteur et de décider dans quelle mesure et comment doit s'organiser la consolidation des pétroliers russes. Du coup, l'offre de Leonid Nevzlin pourrait très bien ne pas l'intéresser. En revanche, pour sauver leurs fortunes, les actionnaires de Ioukos pourraient bien être contraints d'accepter une offre de fusion téléguidée par Moscou.
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