Comment aider l'Afrique ?

Il est pourtant peu probable que l'Afrique obtienne davantage au sommet du G8 qui s'ouvre demain à l'Hôtel Gleneagles, en Ecosse. L'hôte de la réunion, Tony Blair, et son ministre des Finances, Gordon Brown, n'ont certes pas ménagé leurs efforts pour faire en sorte que cette présidence britannique marque un tournant dans l'aide au développement de l'Afrique subsaharienne.Et dire que ces efforts n'ont rien produit, outre un concert planétaire et controversé, serait injuste. Le 11 juin, les ministres des Finances du G8 sont tombés d'accord pour annuler la dette multilatérale de dix-huit des pays les plus pauvres de la planète, d'un total de 40 milliards de dollars. Mais cette somme ne représente qu'une fraction des 180 milliards de dettes des pays pauvres très endettés, ces "PPTE" auxquels le FMI et la Banque mondiale accordent un régime de faveur.L'augmentation de l'aide, deuxième volet du projet britannique, devrait elle aussi déboucher sur des résultats concrets. Jeudi dernier, le président Bush s'est engagé à doubler l'aide américaine à l'Afrique, actuellement de 4,3 milliards de dollars par an, d'ici 2010. L'Union Européenne promet désormais un total de 80 milliards de dollars, le double de ses engagements précédents. Mais, là encore, cette générosité n'offre aucune garantie.William Easterly, professeur à la New York University et ancien de la Banque mondiale, estime que l'Afrique a reçu 450 milliards d'aide au cours des quarante dernières années, rapportait voici quelques jours The Economist. Et pourtant sur cette même période, ni l'espérance de vie, de l'ordre de 45 ans, ni le PIB par habitant et par an, d'environ 1.500 dollars en moyenne, n'ont véritablement progressé. Il y a quelque chose d'incompréhensible à cet échec quand on sait qu'avec moins de 12 dollars par jour la famine peut être éradiquée au Ghana, en Tanzanie et en Ouganda.Trop longue à parvenir sur le terrain, piégée dans des procédures à n'en plus finir, largement ponctionnée par une corruption omniprésente, l'aide doit être révolutionnée dans ses méthodes, avance l'universitaire américain Jeffrey Sachs sur la base de son expérience pilote dans un petit groupe de village kenyans (1). Mais à elle seule, elle ne suffira pas.Il faudra donc aussi "aider l'Afrique à s'aider elle même". C'est cette théorie qui sous-tend la troisième ambition de la présidence britannique du G8 : offrir aux producteurs africains de matières premières une chance de conquérir les marchés extérieurs, notamment occidentaux, en y supprimant les subventions agricoles. Ce sera à Gleneagles le domaine des bonnes intentions, mais certainement pas des décisions historiques.Dans une belle déclaration paraphée en septembre 2000, les pays membres des Nations Unies se sont engagés à réduire de moitié, d'ici 2015, le nombre de personnes souffrant de la faim ou vivant avec moins d'un dollar par jour, à faire en sorte que tous les enfants du monde puissent parvenir au terme d'un cycle d'études primaires. Au rythme actuel, ces "objectifs du millénaire" seront atteints... dans 150 ans. Si le G8 parvenait à raccourcir un peu cette échéance, ce serait toujours cela de pris.(1) The End of Poverty, par Jeffrey Sachs, Ed Penguin, mars 2005.
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