Les militaires appelés à faire des efforts de productivité

A l'université de la défense, le ministre Hervé Morin appelle à des efforts de productivité. De son côté, Guy Tessier (UMP), président de la commission de la défense à l'Assemblée, dit s'attendre à des "sacrifices douloureux" en matière d'implantations militaires.

L'heure des choix douloureux semble sonner pour la défense. A Toulouse, ce mardi, à l'occasion de la cinquième université de la défense, le ministre Hervé Morin a appelé les acteurs du secteur à un "effort de productivité". "Il n'y a aucune réduction de crédits militaires, on continuera de consacrer 16 milliards d'euros par an à l'équipement, on ne demande pas à la défense de se serrer la ceinture, (...) mais l'idée que nous pourrions être exonérés de tout effort quand le pays tout entier doit tendre vers le retour à l'équilibre budgétaire me semble impossible", a-t-il notamment déclaré.

"Je défends l'idée de chercher à être plus performants comme l'ensemble de la sphère publique (...) On ne peut pas dire qu'on va passer à 21 ou 22 milliards d'euros (de dépenses d'équipement annuelles, contre 16 aujourd'hui, NDLR) dans la future loi de programmation militaire, on ne voit pas la France présider l'Union européenne au deuxième semestre 2008 et être le pays qui continue de creuser ses déficits budgétaires", a insisté le ministre. Dans La Tribune de lundi, il avait précisé que "l'objectif, c'est le maintien de cet effort" de défense, soit un budget à hauteur de "1,7% du PIB en structure Otan ou 1,9% selon les normes françaises".

"Même en maintenant l'effort de défense au niveau actuel, nous n'arrivons pas à financer l'ensemble des programmes envisagés. Nous avons estimé qu'il faudrait consacrer 5 à 6 milliards d'euros supplémentaires par an (...) C'est tout simplement impossible, compte tenu de la situation budgétaire du pays", avait-il poursuivi dans La Tribune.

Alors qu'un Livre blanc sur la défense et la sécurité fixera d'ici à mars 2008 l'effort de défense pour les quinze prochaines années, le ministre a surtout appelé à "faire aussi bien en dépensant moins". "Nous avons encore 52 bases aériennes alors qu'en lançant le Rafale nous avions dit qu'avec cet avion multirôle, nous aurions besoin de moins d'avions, n'y a-t-il pas des conséquences à en tirer sur les implantations?", s'est-il interrogé publiquement.

Hervé Morin a assuré les participants à la réunion de Toulouse de la volonté du gouvernement de "renouveler nos capacités de renseignements notamment spatiales", en donnant un successeur au satellite d'observation de la Terre Helios II ou en développant les partenariats avec les alliés de la France dans "les capteurs optiques ou radars ou l'écoute des signaux életromagnétiques". Dans tous les domaines de la défense, il a insisté sur la nécessité de "mutualiser" l'emploi de certains équipements entre les différentes armées françaises comme au niveau européen.

De son côté, le président de la Commission de la défense de l'Assemblée nationale, Guy Teissier (UMP), a dit mardi s'attendre à des "sacrifices douloureux" lorsqu'il s'agira de fermer ou de redéployer des bases, des unités ou des emprises militaires. "Il y aura de manière inévitable des redéploiements, des fermetures de bases, nous le savons depuis longtemps, les édiles concernés le savent aussi", a déclaré le député des Bouches-du-Rhône. "Je pense que les choix seront faits avec modération et tact et seront échelonnés dans le temps mais on ne peut pas vouloir rationaliser les dépenses de la Défense sans consentir à des sacrifices qui seront douloureux".

Guy Tessier a relevé qu'un "programme "Armée de l'air 2010" prévoyait la fermeture de quatre bases importantes dont les noms circulent". Il a évoqué celle d'Orange qui accueille deux escadrons de chasse équipés de Mirage 2000 ainsi qu'un escadron de défense sol-air. "Mon collègue (Thierry) Mariani sait que la base d'Orange est très menacée", a-t-il confié, notant toutefois que sa circonscription accueillait "aussi un régiment du génie". "Il y a une multitude de magasins du génie à fermer dans l'armée de terre", a-t-il poursuivi.

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