La lumière des Muller

Moins connue, donc moins recherchée, la verrerie Muller est pourtant parmi les plus éclatantes de l'Ecole de Nancy. Une vacation lui est dédiée. Les estimations sont raisonnables.

Sous la houlette d'Henri, le plus entreprenant de la famille Muller, une dynastie a marqué de 1895 aux années 1930 la verrerie décorative française. Les débuts ont été les plus brillants, grâce à des technologies - émail, verre soufflé, fluogravure - parfaitement maîtrisées, parfois innovantes, souvent artistiquement développées... Jusqu'à, dans les années 1920, une surexploitation industrielle que la crise de 1929 a brutalement arrêtée.

L'art des frères Muller de Lunéville s'exprime surtout dans le maniement des couleurs, avec une superposition de couches successives, rendant plus marqués les dégradés et vivifiant les tonalités, avec une prédilection pour le tango (orangé), le violet, le bleu soutenu.

Avant la première guerre mondiale, les plus belles pièces sont estampillées "Muller Crosmare" pour devenir, sur un nombre innombrable de vases, lampes et coupes, "Muller frères", puis plus tardivement "Muller Frères Lunéville", car la production s'est plus ou moins poursuivie jusque dans les années 1960, voire 1990 avec quelques contrefaçons. Le marché de la verrerie Art nouveau, dominé par des acheteurs japonais, américains, suisses, allemands et depuis peu russes (les Français préférant l'Art déco), après avoir connu une forte spéculation dans les années 1990 s'est stabilisé, avec des prix en hausse constante pour les plus belles pièces, surtout les lampes d'une pièce et les grands vases. Mais ce sont surtout les oeuvres, uniques de préférence, de Gallé, Argy Rousseau ou Daum qui retiennent l'attention des collectionneurs.

Les objets des frères Muller sont quelque peu délaissés, malgré leurs qualités, pénalisés par leur réputation de productivistes: la vente organisée dans les salons Art nouveau de Maxim's par une spécialiste nancéenne, Sylvie Teitgen (les places sont limitées) propose une centaine de lots de verrerie Muller, d'une estimation (volontairement ?) un peu basse, de 150 à 12.000 euros. En effet, face à la pénurie de pièces Art nouveau de qualité, la cote des Muller est en progression, surtout pour quelques lampes à décor de paysage ou plusieurs vases animaliers, les plus rares. Ce pourrait être le moment d'acheter.

A noter qu'avant la vente sera présenté le premier livre écrit sur les frères Muller, preuve que ce pan de l'Ecole de Nancy (re)trouve ses lettres de noblesse.


22 septembre, 16 h chez Maxim's, rue Royale, Paris 8, SVV Sylvie Teitgen, Renseignements: www.anticthermal.com

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