Les jardins merveilleux de Chédigny

Trois artisans entretiennent à plein temps ce village tourangeau redynamisé grâce à ses parterres fleuris. 120 000 promeneurs s'y pressent chaque année.
Les jardins du presbytère.
Les jardins du presbytère. (Crédits : © LTD / @ABHISHEK PANDEY/INSTAGRAM ; CHRISTOPHE GAYE ; JEAN-CHRISTOPHE COUTAND-MÉHEUT/ADT TOURAINE)

Pascal Dugué, maire de Chédigny (Indre-et-Loire), Monique Boitard, présidente du Festival des roses, et Clément Barret, jardinier en chef de la commune, ont le calme des vieilles troupes. La manifestation, dont la 17e édition aura lieu le dernier weekend de mai, a beau accueillir 15 000 visiteurs sur deux jours dans le village de 570 âmes, elle est désormais bien rodée. Cheville ouvrière, ou plutôt jardinière, de cet événement de renommée internationale : la brigade de Clément Barret. Composée de Joé Pinto et d'Augustin Marteau, elle œuvre pour faire de Chédigny un village entièrement fleuri tout au long de l'année. Et le trio n'entretient pas seulement les quelque 1 000 rosiers plantés sur les 2 kilomètres de voirie et composés de 270 espèces différentes.

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Trottoirs et maisons accueillent également un éventail coloré de plantes grimpantes, glycines, bignones, clématites et akébies, ainsi qu'un assortiment éclectique de petits arbustes. « La commune entretient les plantes disposées sur la voirie, mais aussi celles chez les particuliers qui sont visibles de la rue, sourit Clément Barret. Maintenir l'harmonie et la beauté du village en permanence constitue un vrai défi, nous devons avoir un œil sur chaque détail. » Arrivé en 2013 à Chédigny, ce quadragénaire natif des Deux-Sèvres connaît désormais chaque recoin du village comme sa poche.

Maintenir l'harmonie et la beauté du village constitue un vrai défi

Clément Barret, jardinier en chef de Chédigny

C'est au début des années 2000 que le maire de l'époque, Pierre Louault, songe à redynamiser Chédigny, alors en pleine désertification, en installant la nature au cœur même du village. Ce passionné de roses poursuit un objectif : faire revivre le lieu en encourageant les habitants à profiter des extérieurs agrémentés de fleurs et de plantes. Si la charmante commune, dont les maisons en pierre ocre de tuffeau forment un ensemble homogène, se prête naturellement à cet exercice, l'édile modifie la voirie pour donner toutes ses chances au projet. À Chédigny, les trottoirs ont fait place aux plantations et les caniveaux ont été déplacés au milieu des rues afin d'assurer l'écoulement des eaux.

Les jardins merveilleux de Chédigny

Chédigny accueille près de 15000 visiteurs durant le Festival des roses. (Crédits: © LTD / JEAN-CHRISTOPHE COUTAND-MÉHEUT/ADT TOURAINE)

En quelques années, la physionomie du village a radicalement changé et la population est repartie à la hausse. « Entre 2013 et 2023, Chédigny a gagné 100 habitants, soit une hausse de 25 %, se félicite Pascal Dugué, successeur de l'ancien maire. C'est bien le signe que l'intuition de recréer de la vie par la nature était la bonne. » C'est justement en 2013 que Chédigny, seul village français jusqu'à peu à bénéficier du label, a été distingué comme jardin remarquable. Depuis l'année dernière, Yèvre-le-Châtel, situé dans le Loiret, fait aussi partie de ce cercle restreint. Le Centre-Val de Loire, où se situent les deux communes, n'est pas considéré comme le jardin de la France par hasard.

Clément Barret

C'est en partie grâce au travail de Clément Barret et de son équipe que le village est labellisé « jardin remarquable ». (Crédits: @ABHISHEK PANDEY/INSTAGRAM)

 À Chédigny, le maintien de cette réputation d'excellence est entièrement entre les mains de Clément Barret et de sa brigade. La taille des rosiers de décembre à mars, la plantation des bulbes et des vivaces au printemps puis la suppression des fleurs fanées de mai à octobre constituent les rites immuables des jardiniers. Pour corser encore l'affaire, la commune a réveillé en 2017 le jardin du curé qui jouxte le presbytère de l'église. Ce demi-hectare tiré au cordeau est organisé en carrés ayant chacun une vocation propre. Le carré de l'apothicaire, avec ses plantes médicinales, aide à soigner les malades, le carré bouquetier recèle les fleurs qui orneront les célébrations, le carré potager assure l'autosuffisance du prêtre, enfin le carré d'essai et d'acclimatation permet de tester les nouvelles espèces.

Un succès fragile et incertain

La renaissance de Chédigny offre un cadre de vie bucolique aux villageois et permet d'attirer chaque année quelque 120 000 visiteurs. Ce succès reste pourtant fragile et incertain. « Le changement climatique bouleverse sensiblement les cycles de la végétation, constate Clément Barret. Cela se traduit notamment par des floraisons précoces, une sécheresse prégnante, et l'apparition de nouveaux parasites. » Comme la plupart de ses confrères, le jardinier a dû s'adapter à la nouvelle donne environnementale avec une conviction chevillée au corps. Quelles que soient les conditions extérieures, son métier passe d'abord par l'intérêt pour la nature, ensuite par la compréhension du mode de fonctionnement des plantes et des sols. « Une fois ces deux conditions remplies, avoir la main verte est la portée de tous », assure Clément Barret juste avant d'aller débusquer une branche de lierre qui s'est glissée insidieusement entre deux pierres.

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