Pour François Fillon, "la France peut faire aussi bien que l'Allemagne"

La croissance atteindra 2,6% en Allemagne cette année contre 1,8% en France, selon l'OCDE. Dans un point de vue publié dans le Figaro, le Premier ministre estime que l'Allemagne "tire aujourd'hui profit des courageuses réformes menées depuis 2000". François Fillon propose d'engager les réformes structurelles pour libérer la croissance française.

"L'Allemagne va mieux. Elle tire aujourd'hui profit des courageuses réformes menées depuis 2000, notamment celle du marché du travail, écrit François Fillon dans Le Figaro. Sa croissance est bonne, son chômage baisse, ses déficits se résorbent. Ces résultats créent un vrai défi pour la France. Pourquoi ne ferions nous pas aussi bien ?".

Le constat est lucide. Alors que l'Allemagne faisait systématiquement moins bien que la France depuis le début des années 90 - avec un écart dépassant un point de PIB certaines années - la première économie de la zone euro fait désormais la course en tête.

L'Allemagne devrait croître (2,6% en 2007, selon l'OCDE) sensiblement plus vite que la France (1,8%) pour la deuxième année consécutive. Alors que Berlin entend présenter l'an prochain un budget à l'équilibre pour la première fois depuis la réunification Paris espère au mieux ramener ses déficits publics à 2,3% du PIB. La production industrielle française a augmenté de 4,8% seulement depuis 2000 (soit moins de 1% par an) contre 18,4% de l'autre côté du Rhin. L'Allemagne devrait enregistrer un excédent extérieur de l'ordre de 140 milliards d'euros cette année contre un déficit de plus de 35 milliards d'euros cette année.

Les deux premières économies de la zone euro sont très "complémentaires", ironisait récemment le chef économiste de l'OCDE, Jean-Philippe Cotis : "les Allemands produisent, les Français consomment". "La France c'est une demande soutenue mais une offre contrainte, donc en période de faible demande la croissance est plutôt meilleure, poursuivait l'économiste. Au contraire quand la demande est forte, c'est notre appareil de production qui coince. La question en France est donc de desserrer la contrainte de l'offre".

Un point de vue apparemment partagé par Matignon. "L'enjeu dépasse le court terme, souligne François Fillon. Comme l'a fait l'Allemagne ces dernières années, nous devons voir plus loin, viser plus haut. Il ne s'agit pas du résultat conjoncturel à la fin de l'année 2007. Il s'agit de la situation structurelle du pays, à l'issue des réformes de fonds que nous aurons menées pendant cinq ans et que nous ne faisons qu'entamer. Il faut le faire sans dégrader nos finances publiques et en respectant nos engagements européens".

Une équation difficile à remplir après l'adoption cet été d'un paquet fiscal onéreux - 13 milliards d'euros par an à partir de 2009 - réduisant d'autant les marges de manoeuvre pour engager les véritables réformes structurelles. Le Conseil d'analyse économique (CAE) préconise dans un rapport remis au Premier ministre sur "les leviers de la croissance française" trois axes de réforme. Il recommande d'investir "dans l'éducation supérieure et la recherche", "la modernisation du marché du travail et la réforme du service public de l'emploi" et enfin "le renforcement de la concurrence sur le marché des biens et services". La Commission Attali ne manquera pas d'apporter sa pierre à l'édifice. Ne restera plus qu'à mettre en musique les réformes.

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