Hedge fund : un choix de carrière risqué ?

Les critiques à l'égard des fonds d'arbitrage ont rarement été aussi virulentes que ces derniers mois. Les professionnels doivent-ils s'en inquiéter ?

La liste est longue des coups reçus depuis le début de l'année par le secteur hedge funds : Nicolas Sarkozy, publiquement favorable à une taxe européenne, déclarant pendant la campagne présidentielle : "Qui peut tolérer qu'un hedge fund achète une entreprise grâce à des emprunts, licencie 25% des salariés pour les rembourser, et la revende par appartements? Pas moi". Ses propos venant surenchérir ceux de Claude Bébéar. Le président du conseil de surveillance d'AXA avait déclaré en début d'année : "Le problème est que ces fonds n'ont que la spéculation en tête". Sans oublier le dernier rapport alarmiste de la Réserve Fédérale de New York sur la mesure du risque pour le secteur, dont les conditions seraient comparables à celles prévalant avant la crise de 1998, provoquée par le fonds LTCM.

Toujours plus de candidatures.

Un tableau noir qui pourrait refroidir les velléités des professionnels. Pas si sûr. Erwan Foissey, Head of Trading chez Rivoli Fund Management constate que "la gestion alternative attire de nombreux candidats en raison de l'attrait d'une gestion plus complexe, des produits techniques et des salaires plus élevés que dans la gestion classique".

Même son de cloche chez le chasseur de tête Vendôme Associés : "Nous sommes énormément sollicités par les candidats, notamment les professionnels du trading des dérivés. Il y a clairement plus de demandes que d'offres. S'il y avait un problème de risques, je ne recevrais pas tant de candidatures chaque jour", estime Carlos Gravato, partner consultant.

"C'est là où il faut être en ce moment".

Il n'est toutefois pas faux de dire que les opportunités ont été limitées en France ces dernières années notamment en raison d'un certain élitisme et de "l'adversité de la réglementation, mais, sur ce terrain, les choses sont en train de changer", veut rassurer Carlos Gravato. Le Trésor et l'Autorité des marchés financiers (AMF) ont fait récemment preuve d'une grande ouverture, contrairement à la classe politique. Méconnaissance du fonctionnement du secteur, tabou entourant les fortes rémunérations, manque de transparence étant autant de facteurs d'inquiétude. Dans Les Echos, Michel Prada, président de l'AMF, a récemment répondu aux critiques adressées à ces "participants utiles sur le marché" : "Il est facile de diaboliser un concept, qui n'a d'ailleurs pas de définition précise et qui a beaucoup évolué".

Pour Sophie Van Straelen, fondatrice et directrice générale d'Astérias (analyse, conseil et formation sur les hedge funds), "c'est là où il faut être en ce moment. C'est l'avenir, le domaine le plus avancé ! Pour preuve : la convergence actuelle entre les gestions traditionnelle et alternative, la première empruntant beaucoup à la seconde". Le poids croissant des institutionnels, la "bonne gestion" de la crise Amaranth ainsi que la croissance du secteur en France sont par ailleurs autant de signes favorables donnés aux candidats.

Seul ombre au tableau : les indépendants, pour qui "la levée d'encours est un challenge constant, d'autant que la demande se porte actuellement surtout sur les fonds de hedge fund", nuance Sophie Van Straelen.

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