Les autres films de la semaine

Parmi les nombreuses sorties cinéma de ce mercredi : "Et toi, t'es sur qui ?", "Shrek, le troisième", "Sempre vivu !", "A l'intérieur", "Vent mauvais", "Le bonheur d'Emma", "Murderball", "Kings of the world".

"Et toi, t'es sur qui ?"
Lola Doillon (la fille de Jacques Doillon) réussit dans ce premier long métrage à évoquer de façon très juste les émois de grands adolescents face à leur première expérience sexuelle. Deux copines de quatorze ans, Elodie la taciturne (remarquable Lucie Desclozeaux) et Julie l'expansive au look gothique (Christa Theret,) veulent à tout prix se déniaiser avant les vacances. Celles-ci approchant à grands pas, c'est Julie qui se lance la première et couche, sans conviction, avec le dragueur de service.

Elodie, elle, cache un amour dévorant pour un ténébreux qui ne la calcule pas, mais pour ne pas être de reste, elle cède aux avances de son vieux chevalier servant et amoureux transi. Après l'acte, l'une et l'autre sont également déçues sans se l'avouer et la compétition prend un tour âpre tandis que les sentiments suivent leur propre chemin souterrain. La subtilité de Marivaux à l'heure des textos.

"Shrek, le troisième"
Pour son troisième épisode, Shreck surprend de moins en moins et finit par tourner en rond. L'ogre vert pétomane ne veut à aucun prix du trône qui l'attend après le décès malencontreux de son beau-père, Harold. En plus, Shrek est paniqué à l'idée d'être père. Aussi quitte-il son épouse Fiona, enceinte de triplés, et flanqué de ses deux fidèles compagnons, l'Ane et le Chat Potté, il part à la recherche du futur roi de Fort Lointain, Artie, le cousin loser de Fiona. Chemin faisant il a affaire à l'affreux Prince Charmant. Tous les personnages des contes enfantins défilent à tour de rôle, mais l'histoire, un peu bavarde, s'enlise.

"Sempre vivu !" L'acteur Robin Renucci passe de l'autre côté de la caméra avec cette comédie qui fait une large place à la culture populaire, à la langue et à la verve de la Corse, le pays de ses origines où il a créée un festival de théâtre de bonne renommée. Dans un superbe village de montagne, un jour de visite de ministre, les habitants ne savent pas si le patriarche local, un élu au passé trouble, est vraiment décédé car nul n'a pu vérifier. Sa famille se déchire à son propos mais d'aucuns prétendent qu'il est bel et bien vivant. Dont sa petite fille, femme de théâtre, qui en entraîne d'autres dans sa conviction jusqu'à la venue du ministre. Après, c'est une autre affaire ...

"A l'intérieur". Ils s'y sont mis à deux, Julien Maury et Alexandre Bustillo, pour ce film qui baigne dans la violence gratuite, complaisante, insupportable. L'histoire improbable d'une jeune femme (Alysson Paradis) qui, depuis la mort tragique de son mari dans un accident de voiture, vit seule dans une grande maison isolée. Le soir de Noël quelqu'un vient frapper à sa porte. Derrière, une femme (Béatrice Dalle) prête à tout pour arracher l'enfant qu'elle porte en elle. Au secours !

"Vent mauvais"
Un informaticien au chômage (Jonathan Zaccaï) est appelé à réparer le système informatique financier d'un supermarché. Mais très vite, l'odieux directeur de l'établissement (Bernard Lecoq) essaye de le corrompre, d'anciens employés se mettent à le suivre en se faisant de plus en plus menaçants. Sans parler de la tempête dévastatrice qui s'abat sur cette petite station balnéaire, empêchant ainsi ses déplacements. Le réalisateur Stéphane Allagnon signe un premier long métrage inégal. Certes, il réussit à imposer une atmosphère originale tout au long du film, mais hésite entre la comédie, le drame social et le thriller. Et demeure à la surface des choses, jusqu'à perdre l'attention du spectateur. Reste Bernard Lecoq, bluffant, une fois encore.

"Le bonheur d'Emma"
C'est à une étrange romance que nous convie le réalisateur allemand Sven Taddicken. La rencontre entre deux êtres solitaires et marginaux, Max et Emma. Le premier vient d'apprendre qu'il est atteint d'un cancer et qu'il n'a plus que quelques mois à vivre. La seconde vit recluse dans une ferme où elle s'occupe de ses cochons qu'elle accompagne avec douceur jusqu'à la mort. Si le film navigue dans des ambiances fraîches, presque naïves, le drame affleure peu à peu, nous rappelant que nous ne sommes pas dans une énième comédie romantique. Et pour cause, on y aborde des sujets forts : la solitude, l'amour, l'agonie, l'euthanasie... Sven Taddicken nous en parle avec justesse et délicatesse, rendant son "Bonheur d'Emma" joliment attachant.

"Murderball"
Derrière le nom barbare de murderball se cache en fait un rugby adapté aux joueurs quadraplégiques en fauteuil roulant. Une discipline qui recquiert agressivité et rapidité, très loin de l'image qu'on pourrait se faire d'un sport pour handicapés. L'ambition de ce documentaire - qui nous fait suivre le parcours de l'équipe américaine en route vers les Jeux paralympiques d'Athènes 2004 - est justement de casser les idées reçues sur les handicapés, de nous donner un nouveau point de vue sur leur vie au jour le jour. Sur la forme, on regrettera un montage parfois trop tape à l'oeil à la MTV (la chaîne est productrice). Reste qu'on ne demeure pas insensible à ces portraits toujours surprenants d'hommes combatifs qui ont trouvé une seconde vie grâce au sport.

"Kings of the world"
Trois réalisateurs sillonnent l'Ouest américain pendant un mois et demi, à quelques semaines du duel Bush-Kerry, à l'automne 2004. Leur ambition : prendre le pouls des Américains, de leur état d'âme, de leur vision des Etats-Unis et de son rôle dans le monde. Ils s'effacent d'un bout à l'autre du documentaire pour laisser s'exprimer fermiers, serveuses, pasteurs ou motards des grands outdoors, de Los Angeles ou de Las Vegas. Derrière les paysages grandioses du Nevada et de l'Arizona se manifeste une certaine désillusion, même si le parti pris n'est pas aussi évident que dans "Fahrenheit 9/11". Il est très souvent question du travail, forme moderne de l'esclavage. "50 à 70 heures par semaine (...) une semaine de vacances par an", entend-on. La couverture sociale insuffisante, le prix de l'essence, les inégalités qui se creusent, la Chine comme prochaine puissance hégémonique... les sujets de préoccupation ne manquent pas. Sur la politique extérieure du pays, et celle de George Bush en Irak en particulier, les avis restent mitigés. Intéressant.

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