Pour les cadres, les 35 heures ne sont pas une réalité, loin de là. C'est une enquête fouillée de Courrier cadres, magazine de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), qui le démontre à l'envie. Les cadres d'état-major des grandes entreprises, les plus laborieux, travaillent près de 52 heures par semaine. Les moins surchargés, les cadres administratifs des grandes entreprises alignent des semaines de 39,8 heures. Entre ces deux extrêmes, on trouve tout l'éventail des possibles.

Au total les cadres travaillent beaucoup. Beaucoup plus que d'autres catégories. Une enquête de l'Insee de 2004 montre ainsi que les cadres travaillent 230 heures de plus par an que les techniciens, et 260 heures de plus que les employés et ouvriers. Selon une enquête Apec de la même année 2005, 40% d'entre eux ne prennent pas tous les jours de RTT auxquels ils ont droit. Pire même, selon la même enquête, 74% des cadres déclarent emporter du travail chez eux pour traiter au calme des dossiers de fond.

Les raisons de ces journées, ces semaines à rallonge sont bien connues. Concurrence accrue entre entreprises y compris à l'échelle mondiale, suppression des postes qui donnaient un peu de souplesse aux horaires, pression accrue du client se rajoutent à un mal français bien ancré : rester tard le soir est une part intrinsèque du statut cadre.

Le travail des cadres au-delà des horaires normaux et légaux est une constante depuis que les cadres existent. Y compris après l'instauration des 35 heures (voir l'article Cadre et RTT sur le site de la tribune.fr).

Mais la grande différence est qu'avec l'expansion de cette catégorie, elle perd de sa spécificité et son statut se dilue avec les responsabilités, la confiance des dirigeants et les rémunérations élevées qui vont avec. Les horaires à rallonge se justifient de moins en moins. Selon un sondage CSA de 2005, 69% des cadres déclarent travailler plus d'heures qu'ils ne le souhaitent.