Malgré une vie peu enviable, Odette Toulemonde incarne la joie de vivre alors que son auteur fétiche, Balthazar Balzan, homme et écrivain à succès, broie du noir. Vendeuse au rayon cosmétique d'un grand magasin et plumassière pour les costumes de cabarets à ses heures perdues, Odette mène une vie tranquille au coeur de la Belgique en compagnie de ses deux enfants. Persuadée qu'elle doit sa félicité aux romans de Balthazar Balzan, elle souhaite le rencontrer pour l'en remercier. Lui, riche séducteur parisien, s'aperçoit à la quarantaine bien tassée que le monde qu'il s'est construit n'est qu'une illusion du bonheur. Leur rencontre va bouleverser ces deux existences.

Egarée entre la satire sociale d'un Chatiliez et la poésie d'un Jeunet, cette fable gentillette sur la recherche du bonheur parvient parfois à émouvoir et amuser. Il faut dire que le duo d'acteurs est parfait, entre le regard fou et tendre d'Albert Dupontel et la mine béate de Catherine Frot, qui promène indéfectiblement la même candeur dans tous ses rôles. Volontairement caricaturaux, les personnages secondaires s'en sortent également avec les honneurs.

Enfin, l'intrusion du Christ, de passages oniriques nés de la fructueuse imagination féminine et les chansons de Joséphine Baker rythment le film de façon amusante. Mais dans son répertoire théâtral, Eric-Emmanuel Schmitt nous avait tout de même habitués à un peu mieux. Pas prétentieux pour un sou, son premier film manque aussi fatalement d'ambition et n'échappe pas au côté simplet des contes de fées.